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19/11/2011

Pourquoi je n'achète pas mes livres sur Internet

Je ne suis pas moderne, et j'aime les librairies (et les bibliothèques), même si je peine à trouver les livres que je veux. Les librairies ne sont jamais assez vastes à mon goût, et jamais suffisamment achalandées. Le circuit de vente des livres est tellement court qu'il ne faut pas louper le coche. Ces raisons devraient m'inciter à privilégier l'achat sur le net. Pourtant, je persiste... Par solidarité avec les libraires, que je pense indispensables à la pérennité de la lecture. Et aussi parce que j'aime l'atmosphère d'une librairie, le va et vient des vendeurs et les acheteurs (potentiels) qui déambulent, la tête penchée sur les tables de présentation, et qui ne lèvent jamais les yeux sur les gens qui les entourent. Une communauté de passionnés qui s'ignorent, des fadas, si l'on veut, mais qui ne se vit pas comme une communauté. Je me promène au milieu des livres, protégée par ces indifférents. Je furète, j'observe, je cherche. J'écoute les conversations, je vole des conseils des libraires, je lis une page, une autre. Je constate une réédition, surprenante ou bienvenue. Rien dans une librairie ne me laisse indifférente. Après quelques décennies de fréquentation, je ne comprends toujours pas très bien le classement, et surtout je ne comprends pas pourquoi la signalisation est quasi absente des rayonnages. Un jour où j'en faisais la remarque à une libraire (jeunesse, qui plus est !), celle-ci me répondit que les habitués s'y retrouvaient très bien. Ah bon, et les autres ? Ils demandent ! Mystérieuses règles d'un commerce culturel, ou coquetterie (bien inutile) d'un commerce très particulier, et qui vit à l'écart du monde ? Demander, oui, bien sûr. Mais demander quoi quand on ne sait pas bien ce que l'on cherche ? Pourtant, on cherche. Le lieu de la librairie, malgré ses défauts, est le lieu idéal pour chercher. Demain, quand nous lirons tous sur des liseuses électroniques, comment ferons nous pour trouver ? Il faudra apprendre de nouvelles techniques d'approche. Il faudra se défaire des repères anciens, et sans doute que nous y arriverons. J'ai vu assez de bouleversements technologiques pour n'en pas douter. Mais aujourd'hui, ici et maintenant, je cours les librairies, les bouquinistes et les bibliothèques, chargée de ces biens physiques que sont les livres, dont le poids ne me décourage pas. Bientôt, comme tout le monde, j'aurai moi aussi une liseuse. Comme tout le monde je téléchargerai des fichiers, chargés de mes futures lectures mais sans poids physique. Modes d'échanges nouveaux. Mais je n'aime pas que mes lectures dépendent d'une machine, qu'une panne me laisse démunie. Je n'aime pas ne voir qu'une page d'un seul livre à la fois. Trop vieille tortue pour changer complètement de mentalité. J'aime la technologie, mais je ne veux pas m'en sentir prisonnière. Je n'aime pas la débauche d'énergie nécessaire pour que ça marche. Tiraillée entre 2 pôles, consciente de mes contradictions, je persiste à acheter des livres chez les libraires et les bouquinistes, à emprunter dans les bibliothèques. Ici et maintenant. Pour demain, on verra... demain  !

18/11/2011

Le Choeur des femmes

Le Choeur des femmes, de Martin Winckler, POL, 2009. Réédité en Folio.

Un gros livre,qui raconte la vie quotidienne d'un service mi-planning familial, mi- gynéco, et aussi IVG, dont on se dit, au bout des 30 premières pages, que l'auteur aurait pu abréger, on a compris... Et bien non, il fallait bien tout ça, ces longs monologues, pour suivre l'évolution du récit, avec juste ce qu'il faut d'inconnu, à peine une intrigue, pour qu'on ait envie d'aller jusqu'au bout. On se dit aussi que bien peu d'écrivains (médecins/écrivains) ont une connaissance aussi profonde et aussi juste des "problèmes" des femmes, c'est-à-dire de leur quotidien. À cela s'ajoute quelques notes et avis très pertinents, un peu leçons de vie en 3 lignes, comme "On se met à voir le monde autrement dès qu'on décide de bannir de son vocabulaire le verbe "vouloir" et le verbe "pouvoir" (p. 368), ou : "J'ai compris combien c'est épuisant de se rappeler de tout. Oublier, c'est bien. Se tromper, c'est bien. Ne pas savoir, c'est bien. On a le droit d'oublier" (p. 520).

À lire en ces temps de désert médical, d'atteintes sans nom à notre chère sécu bien-aimée mais si mal défendue, et aussi aux droits des femmes, tellement malmenées. 

NB : en exergue du livre, ce poème de Betty Boren :

       Qui reçoit l'amour et les soins

       Que les femmes donnent de leurs mains ?

       Qui connaît la douleur, le chagrin

       Que les femmes nourrissent dans leur ventre ?

       Qui écoute les mots et la chair

       Que les femmes portent dans leurs chants ?


17/11/2011

Citation

Pascal Pia, cité par Maurice Nadeau dans Serviteur !, p. 91 : "Nous ne sommes que des sacs, plus ou moins bien cousus, d'os et de viscères, que le temps défait jour après jour".

On a vu plus optimiste...

16/11/2011

Ralenti

La vieille tortue ploie sous le poids de jour à venir. Elle ne peut soulever sa carapace, encore moins avancer. C'est toujours la même histoire. Mes congénères tortues le savent bien. J'enfile mes perles, mes banalités de soupirs, mes avis sans épaisseur, je retricote ce fil dont j'ai toujours peur qu'il se casse, mais, bernique, comme aurait dit Bécassine. Impossible de décoller cette carapace qui emprisonne plus quelle ne protège.