20/05/2015
À ne pas lire...
À ne pas lire si vous vous sentez affaibli par l'âge, ou un peu malade, ou seul, ou en deuil... Peu de pages en effet où l'auteur ne parle pas du vieillissement, de la perte de ses forces, de sa surdité grandissante. Tout cela pas très tonique lorsqu'on est soi-même confronté aux mêmes réalités. Oui, mais... Mais cet homme qui ne marche plus qu'avec peine, essoufflé au moindre effort, qui ne survit qu'à coups de transfusion sanguine ne pense, au fond, qu'à son travail d'écrivain. Et poursuit, malgré les freins de ce corps qui le lâche, son oeuvre avec une ténacité exceptionnelle. Ne prenant de repos que pour mieux se concentrer sur les mots, le rythme des phrases, l'écriture romanesque, théâtrale et ses étonnants poèmes minimalistes, qui lui demandent tant de travail. Alors qu'à un moment donné, au cours d'un hiver qu'il trouve trop glacial, il dit ne pas espérer revoir les beaux jours, il envisage encore des oeuvres nouvelles. Lorsqu'à 94 ans il publie "Boulevard périphérique", il ressent une grande joie. Alors, même si on est un peu las de la vie et de ses peines, lire le "Dernier journal" de Henri Bauchau peut être salutaire. La vieillesse n'est pas seulement le naufrage que l'on dit (trop souvent).
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17/05/2015
Les livres, toujours...
Certes je me plains souvent, et j'ai tort de me plaindre. Certes, il y a trop de livres, et trop de livres médiocres. Mais lorsque ma main a repris, pour la troisième fois je crois, le petit livre de Mario Rigoni Stern "Sentiers sous la neige", j'ai senti que j'avais eu la main heureuse. Le livre est fait de bric et de broc, récits de guerre, marches dans les montagnes, observations de la nature, surtout en hiver : long passage sur les différents noms de la neige, selon qu'elle tombe à tel ou tel moment de l'hiver. Le titre le dit bien "sentiers sous la neige"... L'hiver est au coeur de ce livre. Le lisant, j'ai l'impression de rentrer dans un monde puissant, où la force de la nature tient (tenait) les hommes debout. Richesse et rudesse d'un monde disparu, sans retour possible. Et au fil des pages, en permanence, le souvenir des deux guerres mondiales, si meurtrières dans ces montagnes âpres du nord de l'Italie.
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15/05/2015
Les livres, encore...
On pourrait raconter l'histoire comme cela : après deux heures délicieuses à flâner dans une librairie, on ressort avec un sac empli de promesses. Des heures de lecture en perspective, des heures heureuses, sans aucun doute. On a choisit avec soin ces livres, entre réflexion raisonnable et impulsion pas très raisonnée. Vient ensuite, trop souvent, le temps des déconvenues. Écriture ennuyeuse, interminable, digressions oiseuses des "contents d'eux", que de livres décevants, alors que tous les signes de la réussite étaient là, auteur, collection, éditeur, rien ne manquait, la réputation des uns et des autres assez solides pour donner la certitude du bonheur de lecture. Déception fréquente, mais d'où vient-elle, vraiment ? D'abord, on a trop espéré, naïvement. Ensuite, peut-être, a-t-il manqué l'essentiel, la disposition intérieure du lecteur ? Certains livres nous tombent des mains parce qu'ils n'arrivent pas au bon moment. Reste malgré tout que les librairies regorgent de livres qui n'ont pas de raison d'être, et que nous sommes des gogos. Constat désagréable.
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13/05/2015
Silence
Derrière le grondement du broyeur à végétaux et des tronçonneuses, des voix d'hommes se répondent de loin en loin. Malgré le bruit, je lis à l'ombre, profitant d'une douceur bienvenue après le froid de ce printemps décevant. Légère, transparente presque, le corps fin d'un bleu nuit profond, les ailes battant par à coups, une libellule est venue se poser sur mon livre. Ce fut, avant son envol, comme un bref instant de silence dans le vacarme environnant.
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