22/06/2015
Bien dit
Ces mots de Ponge sur la radio me réjouissent : s'y déverse, écrit-il, "tout le flot de purin de la mélodie mondiale". La radio est "la bourdonnante, la radieuse seconde petite boîte à ordures". (Lu dans "Pièces", p.89, coll Poésie, Gallimard). J'ai acheté ce livre d'occasion, comme souvent, et je n'ai découvert qu'après coup que le précédent lecteur avait marqué certains passages, dont celui que je viens de citer. D'ordinaire, un livre annoté me tombe des mains, ma lecture perturbée par ces signes tracés par un inconnu. Il se trouve que ce lecteur-ci a apporté aux textes de Ponge des précisions biographiques ou historiques qui apparaissent comme des notes (en bas de page, du traducteur ou de l'auteur lui-même), mais aussi comme son sentiment personnel. Ainsi p.66, les deux premières lignes de "la pomme de terre" ("Peler une pomme de terre bouillie de bonne qualité est un plaisir de choix") sont soulignées et commentées par ces mots "notion de plaisir". Mon précédent lecteur aimait-il beaucoup les pommes de terre bouillies pour qu'il ait eu besoin de rajouter ces mots, qui n'apportent rien au texte ? Contrairement à mon habitude, donc, je ne vais pas noter ces annotations, que je ressens, le fait est exceptionnel, comme une main tendue.
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21/06/2015
Citation
"Le pire, dans la vie, c'est sa brièveté. Nous n'avons pas le temps d'apprendre quoi que ce soit qu'il faut déjà nous préparer à la mort".
A. Upfield, Un vent du diable, 10/18, p.179
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20/06/2015
Madame monmari
C'est un petit marché du mardi matin. On y trouve l'essentiel, pas plus. Un marché fréquenté par des vieux, essentiellement. Une petite dame toute menue vend du miel, des bonbons au miel, des pains d'épices au miel... Elle a une voix haut perché, un peu aigrelette : "mon mari me dit de ne pas revenir la semaine prochaine... mon mari a mit des hausses supplémentaires sur les ruches... mon mari pense que la récolte sera un peu meilleure cette année... mon mari...". Madame monmari est active, courageuse, elle ne flanche pas, avale les kilomètres pour vendre le miel de son mari. Toute sa vie dépend de son mari. Que ferait-elle sans lui ? (et lui sans elle ?).
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16/06/2015
À faire
Certaines journées sont consumées par les choses à faire. Il n'en subsiste pas la moindre trace. Ni débris, ni cendres. Rien. Mais il a bien fallu. C'est un mal auquel on ne peut se soustraire. D'où la fuite des jours, dans la monotonie des obligations. Par quel retournement intérieur pourrait-on retrouver la singularité de chaque instant, et s'en nourrir ? Le pied sur la pédale de frein (tu es pressé, ralentis), l'esprit en alerte, les yeux grands ouverts sur le monde. (Amen !).
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