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27/08/2011

Archéologie (3)

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Une petite fille, de 8 ou 9 ans peut-être, s'applique à dessiner le pot à lait posé devant elle. Pour se rassurer, parce que c'est difficile, elle trace les bords du pot à la règle, naïvement. Les parties arrondies sont plus délicates à faire, comme les ombres. En somme, c'est ma première nature morte. Je ne me souviens pas du tout du lieu où je me trouve à ce moment là. Peut-être dans la "petite pièce" (en fait assez vaste pour accueillir facilement 20 personnes, mais c'est la seule qui nous serve de salle de séjour, ou de salon). Peut-être neigeait-il. Peut-être que l'atmosphère douillette de la petite pièce incitait à une activité paisible et personnelle... Mais ce dont je me souviens avec précision, c'est le sentiment de bonheur inouï éprouvé à ce moment où je dessine, seule. Le sentiment, l'impression, que je suis en train de faire un chef d'oeuvre. C'est le premier dessin dont je me souvienne. Le plus extraordinaire à mes yeux aujourd'hui, c'est le fait de l'avoir conservé, malgré les déménagements multiples. Et qu'il continue à évoquer pour moi ce souvenir intact de "bonheur artistique", dans sa naïveté et sa maladresse.

Fleurs (5)

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25/08/2011

Mes (vieilles) maisons

Avoir habité dans son enfance des grandes maisons aux entrées multiples est une chance. Ces 3 maisons, où j'ai vécu longtemps, avaient chacune au moins 4 entrées, permettant une circulation quasi magique dans ces grands bâtiments où il était facile de jouer à cache-cache, surtout la dernière, car une porte donnait sur des couloirs traversant d'autres immeubles voisins. Un petit labyrinthe, un peu effrayant le soir car peu éclairé. Les années 50 étaient chiches de lumière. Les planchers résonnaient de galopades, de cris, malgré les interdictions répétées. Après ces maisons, j'ai eu beaucoup de mal à m'adapter aux appartements de ville... d'ailleurs, non, je ne m'y suis jamais habituée. Je garde un goût très vif pour les escaliers intérieurs débouchant sur des niveaux extérieurs différents selon les étages, pour les pièces perdues, les sous-escaliers, les cachettes dans les greniers, les portes de communication permettant des trajets sans cesse renouvelés, les jacobines dans les galetas obscurs. Les maisons où il est si facile de disparaître, pour échapper aux surveillances parentales. De quoi se perdre, de quoi s'inventer d'autres vies.

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24/08/2011

La Lavalette

Après les bibliothèques de classe, il y eut la bibliothèque Lavalette, dans la rue du même nom. C'était sans doute une bibliothèque privée (mais je n'en suis pas sûre). Le prêt était payant, quelques centimes de francs (anciens !) par livre. Cela ne devait pas être très cher, même pour moi lycéenne sans véritable argent de poche, sauf ce qu'il fallait pour prendre le car le samedi soir (à cette époque, nous avions cours tout le samedi). J'allais rendre mes livres et en prendre de nouveaux tous les jeudis après-midi. Je crois qu'on pouvait prendre autant de livres qu'on voulait. J'ai connu, dans cette petite bibliothèque encombrée, mes plus grandes joies de lectrice dévoreuse d'écrits en tous genres, sans aucune hiérarchie. J'ai lu le pire de la littérature populaire, sans doute pas le meilleur, quoique... Je choisissais sur la foi de la couverture illustrée (les livres n'étaient pas reliés en vert sapin ou en noir, comme dans les premières bibliothèques parisiennes que j'ai fréquentées plus tard, et où je n'avais aucun repère : je me souviens qu'à ma première visite à la bibliothèque du 5ème arrondissement, vers le Panthéon, j'avais emprunté Mauriac et Maurois, incapable que j'étais de m'y retrouver dans ces masses sombres). Donc pour en revenir à Lavalette, je n'avais pas de critères de qualité. Il me fallait du passionnant, des histoires, amour, aventures, policier... Je rigole doucement aujourd'hui quand on se désole des mauvaises lectures des adolescents. C'est comme ça que le goût de la lecture se forme, et mes mauvaises lectures (qui ne m'ont laissé aucun souvenir) ne m'ont pas empêchée de découvrir Proust, à 18 ans, grâce à une lecture radiophonique, et j'entends encore avec précision la voix du lecteur. La bibliothèque Lavalette était chauffée par un énorme poêle à charbon, qui dégageait une odeur bizarre et très prégnante. On circulait mal dans cet espace réduit et encombré, il y régnait un silence presque absolu, la bibliothécaire ne levait jamais la tête de ses grands registres. On était seul dans cette bibliothèque, seul, mais avec les livres.

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