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23/08/2011

La boîte à boutons

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Je l'avais oubliée. Elle est restée longtemps en haut du buffet de la cuisine. Plus personne ne l'utilisait car les boutons qu'elle contenait (qu'elle contient encore) étaient dépareillés et démodés. Enfant, j'ai souvent joué avec ces boutons, j'aimais leurs formes, leurs couleurs. Un jour, en entrant dans la lingerie, je l'ai vue, derrière des piles de draps. La lingère me l'a donnée en souriant. Je n'ai pas osé réclamer aussi le corbillon en tôle peinte, celui qu'utilisait ma grand-tante lorsqu'elle venait les après-midi d'hiver, pour ravauder les chaussettes de la famille. Je la regardais manier l'oeuf de bois, et repriser, dans des tons pas toujours appropriés, un fil dessus un fil dessous, des heures durant. Depuis, le corbillon a dû être jeté.  

Les pièges de la vie comme elle va

Je m'interroge, en bonne vieille tortue que je suis. Pourquoi devient-on de plus en plus maniaque en vieillissant ? Pourquoi tant d'attachement à des broutilles ?

Je constate mes petites habitudes, encore assez innocentes : déjeuner avec tel bol, pas un autre, telle cuillère, etc... Quand les préférences naturelles, et légitimes après tout, deviennent des maniaqueries qu'on impose aux autres, ça devient plus compliqué, parce que c'est insidieux, que ça pourrit la vie, sans qu'on le sache. Avec l'âge, on perd l'insouciance et l'optimisme (je ne dis pas l'insouciance et l'optimisme des jeunes, car être jeune n'est pas être insouciant, encore moins optimiste !). Mais on est davantage enclin à voir derrière tous les événements quotidiens, petits ou grands, les dangers possibles. Donc à s'inquiéter de tout... Les petites maniaqueries se sont installées pour rassurer, par leur répétition immuable. Les poussières faites, l'ordre sacré des courses. La préparation des repas ritualisée. Les gestes méticuleux de la vaisselle, qu'on n'abandonne à personne d'autre. Pire, le repassage. Plier le linge toujours de la même façon, pour la régularité des piles dans l'armoire. Repasser même les caleçons ou les slips. Impensable de ne pas faire les lits... Tout ça pas pour la beauté des choses, je pourrais comprendre ! Non, c'est une fin en soi. Une énergie mobilisée pour... rien. Mais nous a-t-on appris qu'il pouvait y avoir une autre vie ? Car en arrière plan, j'entends l'écho d'une éducation où l'ordre est une valeur en soi, où les armoires impeccables priment sur la main tendue, la lecture ou la promenade. Les années n'effacent pas ce substrat pourtant desséché. Il en reste des traces déformées, sous formes de manies stériles. De peu d'importance quelquefois, presque invalidantes d'autres fois, toujours agaçantes pour l'entourage. On y perd légèreté et temps libre, ce précieux temps de loisir dont parlait Yu Li dans ses Carnets, condition de la liberté d'esprit et de la liberté tout court.

22/08/2011

Fleurs (4)

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Ecrivain du dimanche...

Écrire, pour s'aider à vivre. Pour transmettre. Pour éclairer le chemin. Les mots qui viennent comme ils peuvent. Bienvenus, malvenus, je pourrais dire "ça dépend" mais je ne sais pas de quoi ça dépend. Origines inconnues, souvent surprenants. J'écris sans savoir ce que je vais écrire. Sur un bout de papier (vertu des enveloppes usagées !), sur mon carnet de notes, ou directement au clavier si l'ordinateur est ouvert. J'écris comme ça vient, les histoires de la veille, les frustrations du jour, les espoirs de demain. J'écris dans la maladresse qui m'est innée, car on ne m'a pas attribué les dons qui me seraient nécessaires. Je ne sais pas écrire, et pourtant j'écris. Un jour peut-être des fleurs nouvelles apparaîtront dans mon jardin encore stérile. J'écris pour dire que je suis là, inadaptée à ce monde qui pourtant est le mien, je n'ai pas d'autre horizon que celui qui se dessine devant moi. Dont je dois me contenter. J'écris pour dire que je ne suis pas satisfaite de ce monde, mais dans l'espérance que mes mots, si inadaptés, si pauvres soient-ils, y changeront quelque chose. Vaine espérance ? Qui sait ! Mes mots forment une strate d'apparence légère, mais au fond, d'une inexpugnable solidité. Mes mots me relient à la vie. Me lient à la vie. Personne ne peut trancher ce lien. Personne ne peut interrompre ce chant incertain. Personne ne l'entend non plus. Je n'en suis pas véritablement affectée, bien que cela ait sans doute des conséquences. Mes mots n'embarrassent ni n'enrichissent personne. Leur vie est mystérieuse, il me faut accepter ce mystère, et m'en remettre au hasard, à la providence, au destin, que sais-je de ces forces de moi inconnues ?, enfin accepter qu'il y ait mystère, et continuer ce chemin pavé d'erreurs et d'hésitations, de peurs aussi, entre feux de l'enfer et félicités du paradis. Des visages, des regards flottent devant moi. Ils sont les destinataires de mes mots. Qu'ils ne le sachent pas me convient. J'aime l'obscurité dans laquelle je suis. Et mon anonymat.