Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/08/2011

Archéologie (2)

19 (b37).jpg

 

Mon père et ses clients, en excursion dans les Alpes. Dès 1924, et jusqu'à la fin des années 50, mon père a emmené des touristes en excursion : Galibier, Lautaret, l'Iseran, Petites Roches, Grande Chartreuse... Si le temps s'y prêtait, il sortait tous les jours. Les routes étaient mauvaises, le véhicule nécessitait des réparations fréquentes, qu'il effectuait la nuit, seul pendant longtemps, puis avec l'aide de ses fils. Quelle que soit l'heure de son retour, il notait scrupuleusement tous les renseignements de la course : la destination, le nombre de passagers, les kilomètres parcourus, la consommation d'essence, d'huile, les pannes, la recette... Je pourrais refaire tout l'historique de ces étés exténuants, car tous les carnets ont été conservés. Par économie, il emmenait son casse-croûte dans un petite valise en carton, et dormait dans la voiture (plus tard un petit car) à chaque arrêt prolongé. Ces siestes lui permettaient de récupérer, presque sur commande. 

11:31 Publié dans Avant | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer

La cafetière

Les traces de la vie, légères, éphémères. On voudrait les saisir. Les immobiliser, pour mieux les goûter. Tout va très vite. Et quand le soir arrive, avoir à nouveau les mains vides faute d'avoir pu retenir ce qui a fait la trame du jour laisse un grand sentiment de frustration. Quoi ! De cette journée qui a été bien remplie, d'activités plus ou moins utiles certes, mais qu'on a vécues dans l'énergie, de cette journée il ne me reste à peu près rien. Les plats préparés avec soin, ou trop vite, c'est du pareil au même, ont été consommés. Le linge lavé, étendu, repassé, rangé va retrouver sous peu le chemin de la corbeille sous le lavabo. Le livre lu et rendu, ou rangé sur l'étagère pas encore pleine. Certes, on a écrit, et des destinataires  plus ou moins lointains vont recevoir de nos nouvelles, les ont déjà reçues d'ailleurs. Certes ma mémoire, la vôtre aussi bien, s'est enrichie d'une minuscule strate nouvelle, mais celle-ci va être recouverte par la suivante, et l'oubli va s'installer. J'ai descendu l'escalier, traversé le jardin. J'ai arraché les mauvaises herbes dans les massifs de fleurs. J'ai cueilli la salade du soir. Mais demain, tout pareil ou presque. Alors, que voulez-vous que ma mémoire retienne ? Il y a si peu à retenir... C'est ainsi que la vie s'effiloche. Oui, mais hier, j'ai dessiné la vieille cafetière posée sur le guéridon, et les branches de laurier en attente de bouture. La cafetière était devant moi. Je lisais un journal. En relevant la tête, j'ai vu la cafetière sur le guéridon comme je ne l'avais pas vue auparavant. Mon petit dessin maladroit marque à jamais, dans mon esprit, le moment où je l'ai fait. Je sais comment était la lumière, et aussi quelle musique j'écoutais alors. La main agissante conforte la mémoire.  

20/08/2011

Bilibine

Bilibine 2.jpg

Une illustration de Bilibine, publiée au début du 20°s. en Russie, sans doute très courante à l'époque. Un oncle de mon père a vécu à St Pétersbourg pendant plusieurs années, et à son retour a laissé "en garde" quelques caisses de son déménagement chez nous (c'est dans ces caisses que j'ai cherché des livres, pendant longtemps), que personne n'a réclamé après sa mort. Et au milieu de vieilleries poussiéreuses, outre les livres, il y avait 8 cartes postales de Bilibine. Je les conserve comme un trésor, certes de peu de valeur, parce qu'elles témoignent de l'histoire lointaine d'une partie de ma famille, histoire mythifiée puisque l'oncle en question était appelé "le parrain de Russie", bienfaiteur et conseiller de mon père, entre autres. Je ne sais pas pourquoi l'oncle a conservé ces cartes postales. Avaient-elles une signification particulière, ou bien est-ce le hasard seul qui l'a poussé à ranger dans une caisse, avec d'autres papiers, ces images si évocatrices de la littérature populaire russe.

J'aime l'idée qu'un simple bout de carton imprimé, fragile, me restitue un bout d'histoire que plus personne ne connaît, à part moi.

19/08/2011

Ma bibliothèque (suite)

Je disais dernièrement n'avoir jamais cessé de chercher des livres... Mais plus j'avance dans la vie, plus je trouve que le commerce des livres est à la fois excitant et décevant. 

Diderot disait que les bibliothèques sont les réceptacles des productions du génie et des immondices des lettres (citation de mémoire, donc approximative, mais les termes sont exacts, sinon l'ordre). On peut en dire autant des librairies et des bouquinistes. Après quelques heures passées dans un de ces villages de l'écrit qui se sont créés dans les deux dernières décennies, alors qu'on nous répète que la lecture régresse dans notre pays, je me sens flouée. Des bouquinistes où les productions du génie peinent à émerger des immondices des lettres. Quelques heures suffisent pour comprendre ce qu'a été l'édition dans la seconde moitié du 20° siècle. Les gloires passées sont là, avec d'autres plus obscures, mais elles sont tellement passées qu'on n'a même plus envie de les ouvrir. Les multiples éditions en club de toutes sortes inondent ces étals, mais que c'est fastidieux de fouiller ces empilement... Quelques flashes pourtant : je me souviens avoir lu ceci ou cela, il y a très longtemps, mais je ne ressens plus aucun intérêt pour ces littératures marquées par l'air du temps et tombées naturellement en désuétude. Seuls les livres de lecture courante, les abécédaires, ou les collections pour enfants des années 50 réveillent mon attention. La magie de l'apprentissage de la lecture et des lectures enfantines reste intacte. Les décennies de production insipide n'ont pas réussi à éteindre ce feu initial. 

Je suis rentrée bredouille de mes errements chez les bouquinistes, ce dont mes rayonnages pourraient me remercier... Me reste les librairies de ma ville, voire les bibliothèques publiques, mais j'ouvre là un nouveau chapitre, où ce que j'aurais à dire pourrait lasser mon lecteur occasionnel. Une autre fois, peut-être ?