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02/04/2015

Semaine sainte

Chaque année me reviennent les mêmes souvenirs... L'église était toujours glaciale au moment de Pâques. Les prières le long du chemin de croix (14 ou 15 stations, je ne sais plus), étaient "dirigées" par ma vieille grand-tante. Une petite troupe de femmes et d'enfants contraints (qu'est-ce qu'on aurait été bien dehors !) passaient de station en station, faisant grincer les prie-Dieu sur les dalles. Devant chacune, ma grand-tante annonçait "Jésus tombe pour la première fois" ou "Jésus dit à Pierre....". Elle récitait, et nous avec elle, des notre père et des je vous salue marie. C'était un moment hors du temps, hors de la vie normale. Les voix enrouées par le froid, les toux de fatigue ou de problèmes pulmonaires. Je me souviendrai toujours de cette atmosphère glacée, des raclements des chaises sur le sol, surtout la voix de ma vieille tante, pas si vieille pourtant, plus jeune que moi aujourd'hui. Ces dévotions archaïques le long du chemin de croix accompagnaient d'autres gestes quasi incompréhensibles : Les buis bénis des rameaux, les croix des champs (non, les croix, c'était plus tard), les statues dans l'église recouvertes de draperies violettes, les cloches silencieuses du vendredi saint au dimanche de Pâques. Ce jour là, les enfants vendaient des petits oeufs en chocolat à la sortie de la messe. Cela, au moins, on pouvait, sinon le comprendre, au moins l'apprécier. Mais qu'est-ce que la foi avait à voir avec tout cela ? 

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10/02/2015

Mémoire familiale

La mémoire familiale est assez courte. Je peux évoquer mon arrière grand-père (côté paternel), parce que quelques traces subsistent : je connais son écriture, grâce à son livre de comptes journaliers, miraculeusement conservé, et je sais quel hameau il habitait, au xix° siècle. De mon arrière grand-mère, je sais qu'elle ne savait ni lire ni écrire. Au bas de l'acte notarié par lequel les deux époux cédaient leur petit bien à leurs deux filles, il est noté que mon arrière grand-mère n'a pu signer l'acte, "ne le sachant pas". L'autre branche paternelle m'est plus inconnue, quoique... Mon arrière grand-père Marc a déshérité son fils, mon grand-père. Cette honte suffit à rendre vivante cette époque pas si lointaine, un peu plus d'un siècle me sépare de cette sombre histoire. Mais je ne sais pas pourquoi l'autre arrière grand-père (Pierre) a marié sa fille de 17 ans à un homme notoirement doux et faible. Elle avait de l'énergie pour deux, mais n'a pas pu éviter la faillite de leur commerce (encore une honte...). Ils ont vécu 25 ans ensemble, jusqu'à sa mort prématurée à lui, d'une cirrhose du foie. Elle lui a survécu 6 ans, jusqu'à la grippe espagnole. J'ai une tendresse lointaine pour cette grand-mère courageuse que sa fille aînée (un peu pimbêche) n'aimait pas beaucoup, mais que son fils (mon père) vénérait.

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16/12/2014

La neige

La neige crissait sous les pas. Bruit impossible à oublier. Sortir le soir pour profiter de la lune éclairant un paysage en noir et blanc était un bonheur rarement accordé. La route de Gleyzin, à peine déneigée ou seulement pour le passage d'un véhicule, était une piste de luge idéale. Les vacances de Noël devenaient, grâce à cette piste improvisée, un peu magiques. On montait dans la nuit blanche, vite essoufflés, c'était à qui arriverait le premier au grand virage, point de départ de la descente. Griserie de la vitesse, sans doute très relative, mais suffisante pour créer une impression de puissance. On ne s'en lassait pas, jusqu'à ce que la fatigue nous fasse rentrer, trempés par les chutes, gelés, mais tellement heureux. Plaisirs de peu, de rien, plaisir d'être en vie, de sentir le froid de la neige s'insinuer sous les vêtements vite mouillés, et tant de silence derrière nos rires et nos cris.

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04/10/2014

Autrefois

Au temps lointain où l'école reprenait en octobre, nous portions des blouses, c'était obligatoire. Le lycée était flambant neuf, chaque niveau de classe disposait d'un foyer décoré de grandes fresques illustrant des scènes de l'Antiquité. Je n'aime pas l'Antiquité, mais ma première éducation artistique s'est faite là, dans cette contemplation empreinte d'ennui scolaire. Nous avions deux modèles de blouses : l'une, classique, boutonnée jusqu'au cou, manches longues et deux grandes poches. L'autre modèle, plus léger (pour les beaux jours ?) était une sorte de chasuble avec deux poches à la hauteur du ventre. Nous ricanions en portant cette chasuble parce qu'elle nous donnait un petit air de femmes enceintes, assez comique dans un lycée de filles où l'on ne badinait pas avec la morale et la décence.

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