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08/02/2014

Pépite

Toujours émue par un paysage de neige, réel ou représenté. Émotion comme un reliquat venu de l'enfance, quand la neige était bonheur et non tracas. C'était magique de se tenir derrière la fenêtre du salon, la tête en l'air collée à la vitre, et de se laisser envahir par les flocons, jusqu'à en avoir la tête qui tournait, et comme c'était doux le silence de la neige. C'est un souvenir pépite, que l'esprit orpailleur détecte et amasse. Les bonheurs anciens sont toujours présents.

29/01/2014

Gestes perdus

Remplir le stylo dans l'encrier, par petites pressions sur la pompe

Couper les pages d'un livre neuf

Soulever le bras de l'électrophone sur le microsillon

Composer un numéro de téléphone sur un cadran téléphonique, et écouter le bruit caractéristique lorsqu'il revient à son point de départ

Changer le ruban bicolore sur une vieille remington

Tailler à la lame de rasoir les crayons de couleur

Utiliser du papier carbone pour obtenir le double d'un texte...

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14/12/2013

Fêtes ?

Les illuminations de Noël sont en place, partout, depuis des semaines, vaines tentatives pour créer une ambiance de fête. Les publicitaires racontent des histoires d'enfants aux regards illuminés par les douces lumières des bougies... Ils veulent nous faire croire au Père Noël ! C'est leur travail de publicitaires. Autrefois, dans ma famille, le réveillon de Noël était d'une frugalité douce. Au retour de la messe de minuit, le vin blanc chaud nous attendait, parfumé à l'orange et à la cannelle, avec du petit salé tiède et de la brioche de Saint-Genix. Le vin blanc des enfants devait être largement coupé d'eau, mais il y avait le parfum. Pas d'illuminations dans les rues, et les étoiles de notre sapin étaient confectionnées en carton recouvert de papier de chocolat. On ne nageait pas dans l'opulence dans les années d'après-guerre. On vivait Noël dans l'intimité, les cadeaux était des cadeaux utiles, pas de superflu. Les "fêtes" d'aujourd'hui, officielles, tapageuses, commerciales, ne me plaisent pas. Mais je veux bien, le regard des enfants illuminés par la douce lumière des bougies... reste une histoire plaisante (ou complaisante ?).

05/12/2013

Le vieil homme

Le vieux Mathais remontait lentement la pente, s'arrêtant tous les dix pas, le corps usé, chancelant, la goutte au nez, tout le temps. Un pas grand chose socialement, mais très gentil et dévoué à mes parents comme pas permis. Il descendait matin et soir à "l'usine", terme bien pompeux pour désigner le baraquement qui abritait la turbine électrique installée sur le torrent dans les années 20 par mon père. Mathais était chargé de nettoyer la grille au bout du canal de dérivation, sans cesse encombrée de feuilles et de débris de bois. Mais en automne, il fallait descendre plusieurs fois dans la journée. Tant de feuilles tombées ! Pour les autres corvées de l'usine, Mathais n'était pas fiable. Graisser ou régler la courroie de l'alternateur incombait à d'autres. Mathais avait eu une autre vie, avant. Cordonnier de métier, puis ouvrier agricole, un peu maltraité dans une ferme isolée, un peu porté sur la bouteille, il se considérait comme heureux d'avoir à s'occuper tranquillement des poules, des cochons, du jardin, de la grille de l'usine. Petit homme sec, doué d'un grand appétit, pour qui nous tricotions écharpes ou pulls à Noël, nous ne sommes plus que quelques personnes à nous en souvenir. Une vie effacée, sans traces. Mais dans ma mémoire, demeurent ses gestes doux pour m'offrir un oeuf frais pondu à gober en cachette ou un bouquet de fraises des bois, cueillies en remontant de l'usine.

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