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09/12/2011

Ombres (4)

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08/12/2011

La bibliothèque orange

Mon interlocutrice s'étonne que je ne connaisse pas la bibliothèque Orange. Mais c'est très connu, dit-elle, depuis très longtemps. C'est mondial. Ma mère déjà en faisait partie. C'est très simple. On paye une cotisation, et régulièrement on se réunit pour faire circuler les livres et pour en parler. Il y a des groupes dans beaucoup de villes. C'est la bibliothèque Orange. Non, je ne connais pas. Je m'émerveille une nouvelle fois de constater l'écart entre le monde visible (celui que je connais, en gros) et le monde invisible (celui que je ne connais pas). Bien sûr, je ne suis pas naïve, je sais bien que le monde invisible est sans commune mesure avec le monde visible. D'un côté, l'océan, de l'autre côté un dé à coudre. La bibliothèque Orange fait partie de l'océan. Dans le dé à coudre, il y a mes maigres connaissances, mes petites idées sur le monde comme il va, pas grand chose. Ce matin, la bibliothèque Orange est passée dans le dé à coudre. Attention au trop plein !

J'imagine ces dames (ce sont toujours des dames), se réunissant chez l'une ou chez l'autre, boissons fraîches, thé, biscuits secs, et les piles de livres devant elles sur la table de la salle à manger. Elles sont pleines de bonne volonté. Elles aiment lire. Entre elles, ces piles de livres, inépuisables, comme les bonheurs de la lecture. Elles ont des vies bien remplies, elles travaillent, prennent les transports en commun, ou leur voiture, font le ménage le matin avant de partir, les courses en rentrant le soir. Elles ne sont pas très jeunes. Elles sont courageuses. Le lien ténu mais solide de la lecture les réunit. Elles savent que demain, elles déposeront un livre chez une telle, ou après-demain. Elles se téléphonent. Ne deviennent pas pour autant des amies intimes. Non, c'est autre chose. Le système est souple, peu contraignant. Tout repose sur la bonne volonté, et tout le monde est plein de bonne volonté. Pas de livres qui se perdent. Et après, après que vous les avez lus, que deviennent-ils ? Oh, je crois qu'on les envoie, en Afrique, en Roumanie, c'est pour soutenir la langue française.

La somme indiquée pour la cotisation me paraît trop faible pour alimenter des achats conséquents. Donc la bibliothèque Orange fonctionne obligatoirement avec des moyens supplémentaires. Je voudrais comprendre l'organisation, complètement. Je m'étonne qu'une structure relativement élaborée puisse fonctionner depuis des décennies uniquement sur la base du volontariat. Il faut que je me renseigne.

Je me suis renseignée. J'ai lu ce qu'ont écrit de doctes sociologues sur la question. La sociabilité des livres et la communauté des lecteurs. Les cotisations. Des dames de la bonne société. Elles n'aiment pas les textes osés. Le système les oblige à lire, c'est les personnes interrogées qui le disent. Il y a encore, dans certaines couches de la société, cette idée que lire est bien. Je dois m'en réjouir. Je ne m'en réjouis pas complètement. La bonne société et la morale, je n'aime pas. C'est définitif.

 

07/12/2011

Monument

Le monument à la mémoire de Lénine est discret. Coincé entre un bâtiment et les grilles du jardin. Les jardiniers municipaux l’ont entouré d’un parterre de pensées jaunes et mauves. Son profil aigu, moulé dans le bronze, se détache sur un fonds métallique. Effet très moderne. Dans la ville, qui le voit ? Lénine est mort en 1924, plus personne ne pense à lui. Le monument oublié est là, pour combien de temps ?

Citation sur le monument :

« Il avait la faculté de regarder le présent du point de vue de l’avenir » M. Gorki

06/12/2011

Vie quotidienne

La vie quotidienne remplie de faits anodins, sans grandeur, mais pas sans importance. Il faut bien assurer les tâches du quotidien. Il faut bien s'occuper de l'intendance, assurer aux siens et à soi-même le gite et le couvert. Il faut bien organiser du mieux qu'on peut son cadre de vie. Il faut bien tenter de mettre un peu d'harmonie et de beauté autour de soi. Cela se traduit par des journées entières occupées de mille petits riens, à peine si ça vaut le coup d'en parler tant c'est peu de choses. L'harmonie et la beauté se payent cher, pas cher, à chacun d'évaluer. C'est un travail que de créer harmonie et beauté, et ce n'est pas le résultat seul qui justifie les efforts. Ce résultat peut être très modeste, par manque de moyens, par manque de goût, par manque de savoir-faire. Eh oui, tout ça pour ça ! La blanquette de veau a brûlé. La couleur des rideaux est un peu triste. Le lambris est mal posé. Le robinet fuit toujours. Mais comment se fait-il que surnage, au dessus de tant de déceptions et de ratages, le sentiment un peu diffus d'avoir fait ce qu'il fallait, comme il fallait, au moment où il le fallait ? C'est ce sentiment diffus, qui préfigure un peu ce que pourrait être le sentiment du bonheur, que j'aimerais interroger, et comprendre. Pour que ma conscience, surtout, s'en empare. Pour passer du sentiment diffus à la compréhension et acceptation du jour à vivre. Pleinement.