Plaisir

Plaisir : recevoir, alors qu'on n'y croyait plus, une courte missive d'une vieille amie (pas par l'âge, c'est une jeunesse comparée à moi, mais amie de longue date). Ouvrir la boîte aux lettres, prendre l'enveloppe, attendre d'être tranquille pour la lire... Le gris du jour en devient plus clair.

Les cartes de géographie

Les crayons de couleur étaient des instruments de travail et de plaisir, les 2 étant étroitement liés. Taillés avec soin, et parcimonieusement car il fallait les faire durer longtemps, rangés dans des boîtes de carton qui n'en contenaient que 12. Les cartes de géographie dessinées à l'école requéraient des crayons à la mine pointue, pour bien marquer les détails. Faire les montagnes en marron, les plaines en vert, les bords de mer soulignés de hachures bleues, les fleuves en bleu, et les villes marquées d'un point noir. La plume sergent-major pour noter les noms, majuscules, minuscules, et on avait le choix entre écrire à l'encre avant le dessin, ou après : avant, on était sûr d'éviter les tâches malencontreuses qui gâchaient tout le travail, et tout était à recommencer. Et puis cela donnait un cadre précis, pour poser les couleurs au bon endroit. Écrire à l'encre après les crayons de couleur était risqué, car l'encre ne prenait pas bien sur les coloriages. C'était un bonheur de dessiner les cartes de géographie, de colorier, c'était un travail qui demandait de la concentration, mais une concentration heureuse, car le résultat se voyait immédiatement. Il fallait vraiment dessiner ce que la grande carte montrait au tableau. Pas de modèle préétabli, de patron en plexiglas, et pas le droit de décalquer sur le livre de géographie. L'exactitude s'en ressentait, bien sûr, et le maître était sans indulgence sur les positions approximatives des villes, des fleuves et des montagnes. Mais on se souvenait que Lyon était la capitale de la soierie, Grenoble celle des gants, et que le charbon venait du Nord. La France était rurale ET industrielle... 

Le jour le plus court

Aujourd'hui, nous vivons le jour le plus court de l'année. Une histoire de solstice, de planètes, de mouvements giratoires, on ne sait pas trop ce qui fait tourner tout ce monde. Les leçons d'école sont oubliées depuis longtemps. Mais c'est sûr, c'est le jour le plus court de l'année. Cela ne change rien à la vie quotidienne : la fée électricité nous permet de transformer la nuit en jour, nous n'en sommes plus à attendre le lever du soleil pour nous mettre à l'ouvrage. Dommage de ne pouvoir suivre un rythme naturel, et de vivre, finalement, toute l'année de la même façon. Le réveil sonne à la même heure officielle, on sort pour aller travailler alors qu'il fait encore nuit, et on rentrera dans la nuit. Le jour le plus court ? Rien de changé à notre vie. Oui vraiment dommage. Et en plus, il pleut ! Mais ne pas oublier que si c'est le jour le plus court, cela veut dire que bientôt les jours vont rallonger. À peine entrés dans l'hiver, déjà une promesse de printemps.

L'eau de la rivière

La vieille tortue blottie dans sa carapace regarde monter l'eau de la rivière. En 2 jours, les pluies l'ont fait sortir de son lit, et les vastes prés qui la bordent sont maintenant devenus un lac, percé en surface, ça et là, d'arbres noirs. Des nuées d'oiseaux se sont emparés de ce nouvel espace, surgis d'on ne sait où. Mouettes, goélands, canards, poules d'eau, hérons, tout ça piaille allégrement, en fermant les yeux on pourrait se croire au bord de la mer, d'autant que l'eau, passant de la rivière aux prairies, fait un bruit... d'eau ! que l'on n'a pas l'habitude d'entendre par ici, tant habituellement le cours de l'eau est lent. C'est une crue habituelle en automne, les gens venus observer (et photographier !) la rivière m'ont dit que l'on n'avait pas encore atteint les cotes de 2003-2004. Alors ! Tout va bien ? Je préfèrerais ignorer, les jours prochains, les prévisions météorologiques, pour ne pas avoir peur, mais je sais que je les regarderai, et que je suivrai l'évolution de la crue, phénomène nouveau pour moi. Je ne suis pas une tortue aquatique... Après l'interminable sécheresse de ces derniers mois, toute cette eau surprend un peu. Mais au lever du jour, dans la lumière encore incertaine entre nuit et jour, c'est très beau.