09/07/2012
Hiérarchie du quotidien
Nous vivons sur des systèmes personnels où hiérarchie et chronologie se croisent. Ce que je fais à 5 ou 6 heure du matin (lire ou écrire), je ne peux le faire à 11 heure. Et je préfère travailler au jardin à la fraîche. Et je juge plus important de lire ou dessiner que faire le ménage. Et j'aime avoir plusieurs fers au feu. Avoir plusieurs chantiers en cours, plus ou moins créatifs selon les cas. Avoir toujours plusieurs livres en cours de lecture. Un projet d'écriture. Un dessin à commencer. À finir. (Mais je n'ai pas de projets de voyages ou de vacances lointaines...). L'organisation de ma vie est discrète, sans éclat. Mes mains s'agitent, font, défont, façonnent, mes mains et ma tête ne font qu'un, elles ne connaissent pas l'ennui, un petit miracle d'activité au quotidien. Mes déceptions et ratages divers ne parviennent pas à m'enlever cette légère euphorie (sentiment diffus de faire ce qu'il faut, au bon moment), celle que me procure par exemple la cueillette des derniers petits pois, ou tout aussi bien la photographie ou la couture. C'est le "faire" qui fait "être". C'est une chance que d'avoir besoin de peu de moyens pour ma petite fabrique personnelle. Je peux dire, comme tout le monde, que j'aurais aimé avoir ceci ou cela... Une belle maison, ou vivre près de la mer, ou avoir réalisé dans ma vie de grandes œuvres. Mais cela n'a aucun poids réel. Le réel, c'est cette petite fabrique. Le réel, c'est cette activité mineure mais essentielle, mes 10 doigts, mon regard, et mes sens en action.
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03/07/2012
Un jour...
Un jour, quand ?, la déréliction s'emparera de moi, (de vous ?), parce que ce ne sera plus possible. Quoi, plus possible ? Tout. L'air du temps. Les déceptions. L'industrialisation. Le nucléaire. La disparition des surfaces agricoles. La chimie de l'alimentation et son corollaire, les maladies. Un jour, quand ?, cela ne sera plus possible de vivre comme ça. En attendant, la vie continue, et même... je la trouve bonne. D'une richesse inouïe. Mes yeux se réjouissent du bouquet tout simple sur la table, des nuages noirs de l'orage qui vient, mes sens en alerte observent, goûtent sans cesse ces biens inépuisables offerts à chaque instant du jour.
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30/06/2012
Le jardin...
Le jardin devient un fouillis vert, bonnes et mauvaises herbes emmêlées. Les pluies abondantes suivies de grandes chaleurs ont encouragé la végétation. Quelle prolifération ! Mes mains ne suffisent plus à la tâche ingrate de séparer bon grain et ivraie. Je dois faire confiance à cette nature revivifiée. Un orvet doré, très beau, image parfaite, a trouvé refuge sous un plastique destiné à piéger escargots et limaces. Je le transporte délicatement vers une proche prairie, lui souhaitant bon vent, malgré la faucheuse à venir.
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29/06/2012
Ranger, déranger
Je prends. Je pose. Je déplace. Je dérange. Je range. Je perds. Je retrouve. J'oublie ce que j'ai perdu. L'enfant sur la photo sourit aux anges. Les anges ont perdu leurs ailes, mais ne s'en soucient pas. Ils ne s'occupent pas non plus de mon remuage domestique permanent. Chaque geste pèse son poids de bois sec. Ou même de bois mouillé certains jours, et ce n'est pas peu dire. Chaque jour reprendre ce que l'agitation de la veille a laissé en plan. Les nécessités de la vie aussi imposent de faire, défaire, sans fin. Le désordre fleurit sous mes gestes, mes efforts d'ordonnancement sont vains. Pourtant les choses se font et la vie continue, reposant sur ce fragile agglomérat de gestes et d'objets, parfois utiles, souvent inutiles. D'où vient cette obstination qui nous pousse à ces tris perpétuels ?
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