16/05/2013
La toile des souvenirs
Un concentré de souvenirs, mais non seulement d'événements que j'aurais pu vivre. Une histoire d'ondes concentriques. À partir du point de choc les ondes successives dessinent cette carte invisible où je pourrais, si j'en prenais le temps, repérer les points forts de ce qui fut l'existence des disparus, et la mienne à un certain moment, celui de la jeunesse.
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14/05/2013
Entendues, volées, petites phrases
La mécanique, elle te prévient pas quand elle va tomber en panne
Il faut croiser bien des fantômes pour construire son identité
06:22 Publié dans Chronique sans faits divers | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
13/05/2013
Le vieux jardinier
Du nouveau dans ma rue : le vieux jardinier a raccroché. Son jardin est déjà couvert de mauvaises herbes, de ces plantes hautes, vertes et très envahissantes. Je vois ce vieux monsieur qui circule dans sa petite auto couleur sable. À quoi songe-t-il en passant devant la grille désormais fermée ? Tous les humains sont confrontés à ça : vieillir et perdre. Le jardinier a dû renoncer. Il faisait pousser des courges énormes, en grande quantité, 30 courges oranges, ça impressionne. Des tomates, des pommes de terre, des salades. Rien d'autre. Mais ce "rien d'autre" révélait des renoncements antérieurs. L'an dernier, déjà, il n'y avait pas salades, peu de pommes de terre, et il n'avait pas soigné à temps ses tomates malades. J'imagine un jardin magnifique, il y a dix ans, et peu à peu le corps flanche. Ça se passe toujours comme ça. Je le vois aller et venir, visiter ses connaissances de la rue, pour un café, un apéro, un brin de causette. Je me souviens de ce vieux monsieur, à l'arrêt du bus, répondant à un voisin qui lui demandait de ses nouvelles : "je tue le temps avant qu'il me tue". J'en avais eu presque les larmes aux yeux. Comment faire pour ne pas laisser le désarroi envahir une existence devenue inutile. Inutile selon les critères habituels, fondés sur la capacité à agir, en bien ou en mal, peu importe d'ailleurs. Mais le vieux jardinier n'exprime pas de tristesse. Il a simplement dit que sa santé ne lui permettait plus de cultiver son lopin de terre. Sans doute s'était-il préparé depuis longtemps à cette fin d'activité. Il continue à aller voir ses amis, à acheter le pain et le journal, et nous salue d'un sourire. Je ne sais rien de lui, mais il ressemble à un sage.
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11/05/2013
Printemps (suite)
Le parfum des lilas envahit le jardin, aux plus chaud de la journée. Mais il faut attendre le plein après-midi, car le matin... Oui, nous sommes, dit la rumeur, dans les jours noirs des saints de glace. La rumeur dit aussi qu'il y a eu des dégâts dans les vignes. À chaque printemps son lot de désolation... Les saisons, quoi qu'on en dise, sont incertaines. En ce moment, travailler tôt dans le jardin demande une certaine énergie. Le froid gèle les mains. Je me contente de faire le tour de ce minuscule territoire, observant ce qui pousse, ce qui végète, calculant les mesures à prendre : déplacer une plante, refaire du purin d'ortie ou désherber autour des buis. Petit miracle : après deux années laborieuses, l'angélique a décidé de pousser, et offre aux regards la splendeur de son architecture végétale. Je ne connais rien à la botanique, mais l'extraordinaire variété des végétaux me ravit, et me console.
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