17/09/2011
Objets trouvés
Dans une caisse en bois sous l'escalier, soigneusement rangés, d'un côté : 3 cuvettes rectangulaires, des annuaires Lumière, un sachet d'hyposulfite, des tubes de produits sans étiquettes, quelques boîtes de plaques photographiques neuves. De l'autre côté, des clichés en attente de tirage, et de nombreuses petites photographies pâlies. La caisse abandonnée là depuis si longtemps, la photographie mise à l'écart.
"Plaques instantanées au Gélatino-bromure d'argent. Marque J.Jougla. Union Photographique Industrielle, Établissements Lumière et Jougla réunis. 4,5 x 10,7. Usines à vapeur à Joinville le Pont. Seine."
"Plaques au Gélatino-bromure d'Argent. A.Lumière et ses fils. Usine de Lyon-Montplaisir. Grands Prix Paris 1899-1900. À préserver de la lumière et de l'humidité."
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14/09/2011
La vieille maison
Normalement, on entre dans la maison par le café. Au fond, un petit escalier descend à la cuisine, laquelle donne sur la cour que l'on peut atteindre aussi de l'extérieur par un chemin en pente au sud de la maison. À côté du premier escalier, il y en a un autre, à main gauche, qui descend à la petite salle, laquelle communique avec la cuisine par le fond. On peut aussi accéder à cette salle par une porte au sud. La maison, comme toutes celles du village, est bâtie à flanc de montagne. Ainsi le rez-de-chaussée est aussi en sous-sol et le premier peut être le rez-de-chaussée. Le sous-sol (ou rez-de-chaussée...) a encore un autre accès, sur le lavoir, au nord de la maison, mais cette porte est rarement utilisée. À l'étage de la route, un peu en contre-bas toutefois, il y a aussi une autre entrée, sur le chemin du haut-fourneau. Mais pour accéder aux chambres, il n'y a qu'un seul escalier, très raide.
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07/09/2011
Quotidiens
Des générations qui m'ont précédée, je possède quelques traces écrites. Ma mère notait chaque jour le nombre de repas servis au restaurant (le registre couvre 45 ans d'activité). Il y a des lacunes dans cette continuité : naissance des enfants, maladies, décès. Elle avait aussi un carnet secret, que je n'ai connu qu'après sa mort, le carnet des dettes. Mon grand père paternel, voiturier, notait sur un petit carnet les courses à faire. Mais à la fin de sa courte vie, il notait aussi sa perte de poids, événement plus tragique que le reste, et les dates de ses visites au médecin. Mon père inscrivait chaque jour, d'une très fine et élégante écriture, le nombre de kilomètres parcourus, la consommation de carburant et d'huile, les dates de vidange et de changements de pneumatiques. Pendant la grande guerre, il a noté, toujours très brièvement, dans un minuscule carnet, les lieux de cantonnement, les permissions, le nombre d'obus tirés au plus fort d'une attaque, et aussi qu'il avait fait des "fotos". Plus tard, il calculait le soir le cubage des grumes transportées dans la journée, à l'aide d'un petit manuel de cubage à couverture cartonnée, dans des carnets de format oblong. Combien de billes par voyage ? Mon arrière grand-père, qui se disait "quabaretier' tenait un registre pour les consommations non payées par les habitués. Ma grand-mère aussi avait un registre pour les vieux clients, qui payaient au mois, ou ne payaient pas… Et je revois ma sœur aînée établissant chaque soir "la note", qui réglait la fabrication de la pâtisserie du lendemain. Tant de chaussons, tant de croissants, tant de tartes aux pommes etc… Je lis ces carnets, ces registres, ces cahiers, je devine plus que je ne comprends ces quotidiens déjà tellement éloignés de moi. Des vies jalonnées de petites écritures ordinaires, que l'on ne songe guère à conserver la plupart du temps, mais qui me racontent, à moi dépositaire de hasard, des existences de labeur et de sous péniblement gagnés.
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06/09/2011
Memento quia pulvis es
Écriteau de zinc martelé, cloué sur une croix de bois dans la forêt. On l'atteint après une marche fatigante, une montée interminable. Le chemin d'accès est large, en bon état, car il est utilisé par les forestiers. Il y a peu de promeneurs, mais autrefois, les croyants courageux l'empruntaient pour aller assister à une messe votive le 15 août de chaque année, sur un crêt dans la montagne. Le curé a vieilli, puis il n'a pas été remplacé, la cérémonie a disparu. Je crois n'être monté qu'une seule fois à cette petite fête, sans doute emmenée par des clients qui avaient su persuader ma mère de me donner un peu de liberté. Mais je ne suis sûre de rien, confondant en un seul événement plusieurs souvenirs du même genre ? La croix de bois, abimée par les intempéries, se dégrade. Elle est peut-être tombée depuis notre dernier passage, il y a quelques années. Mais c'est dans l'ordre des choses : "souviens-toi, homme, que tu es poussière".
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