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01/03/2012

Archéologie (5)

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 1918. Rapatriement sanitaire de blessés et de malades, de Salonique à Marseille via Alger. Les conditions de transports et de soins sont effroyables : malades et blessés entassés pêle-mêle, certains ne sachant pas s'ils arriveront au terme du voyage. Au fond de l'allée centrale, la figure blanche de l'infirmière, n'ayant que peu de moyens pour soulager ces souffrances. Mon père faisait partie de ce convoi, atteint de la dengue, très amaigri. La seule consolation de tous ces rescapés, c'est que la guerre est finie, l'armistice signé, et que s'ils survivent à leurs blessures et maladies, ils peuvent espérer rentrer chez eux. Mais aucun n'a le sourire...

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24/02/2012

Rentrée des classes

Les écoliers autrefois portaient des blouses, pas toujours moches d'ailleurs, de la maternelle au lycée. Ces articles, pourtant achetés dans de bonnes boutiques, avaient tous le même défaut, les boutons étaient mal cousus. Et pendant les jours précédant la rentrée (en octobre à cette époque), il fallait recoudre les boutons de toutes les blouses neuves. Je déteste coudre les boutons...

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03/02/2012

Mon autrefois

Même le goûter était frugal. Jamais de viennoiseries, inconnues. Des tranches de pain, avec des noix ou une barre de chocolat, quelquefois tartinées de confiture. Peut-être en hiver un cacao, et encore je n'en suis pas sûre. De toutes les façons, dans ce cas, il y avait la peau du lait qui se formait à la surface, exécrable. J'ai encore ce dégoût en moi, qui empêchait de savourer le délice du chocolat chaud. Parfois une main compatissante consentait à enlever cette peau, mais la plupart du temps la famille avait plutôt tendance à rabrouer les enfants délicats. On pouvait même s'en moquer, provoquant des mini blessures invisibles. Comment pouvait-on imposer aux enfants tant de contraintes injustes… Je parle de la peau du lait (qui a disparu de nos bols), mais il y avait d'autres dégoûts alimentaires. Les carottes à la crème, la roussette, le cœur de veau, les petits pois, certains fromages. Il fallait cependant obéir, et avaler avec des hauts le cœur ces nourritures  honnies. Alors, la tranche de pain, les noix, la barre de chocolat, étaient des délices absolus, quasiment parfaits dans leur frugalité. Je fais ma proustienne de bazar : hier en croquant une noix (je préparais une salade verte), je me suis souvenue de ces noix maraudées sous le grand noyer, tout près de la maison, et de nos goûters simples et savoureux au retour de l'école  

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28/01/2012

Autrefois

Ils sont nés au XIX° siècle. Étaient nés, devrais-je dire, puisqu'ils ne sont plus. Mon père et ma mère. Grâce à eux, à cause d'eux, j'appartiens encore un peu à cette époque lointaine. Par leurs paroles, par leurs silences, par leurs habitudes, ils m'ont transmis un bagage dont je n'ai plus que faire. Un bagage maintenant inutile. Ma mère adolescente nettoyait le verre enfumé de la lampe à pétrole. Mon père portait des cols durs. Ils ont appris les voitures, l'électricité, les lave-linge, le nylon, les soupes lyophilisées, les couvertures chauffantes, les congélateurs. Puis ils sont morts. Mais je garde la sensation d'avoir encore les pieds dans la boue, les semelles transpercées par le froid, les vêtements alourdis par la pluie, d'entendre comme lui le vacarme des obus dans les tranchées. Mes mains savent retourner un col de chemise. Je garde le souvenir de la petite épicerie des mes grands parents, dont je ne connais la devanture poussiéreuse que par une photographie. Je garde dans ma mémoire les chevaux perdus de mon grand-père voiturier. Et les verres à absinthe de ma grand-mère qui avait, paraît-il, un oeil blanc mais ce fait n'est attesté par aucun document, et qui est morte de la grippe espagnole. Je garderai toujours le souvenir des odeurs de ce temps,  celle du pétrole de la lampe, celle du lait tourné, celle des vêtements mal lavés, sans les avoir jamais respirées, ces odeurs des corps et des objets, avant l'eau courante chaude et froide sur l'évier, de la poussière des planchers aspergés d'eau avant le coup de balai. Les enfants jouaient à arroser le plancher avec ce drôle d'instrument en forme d'entonnoir à embout très fin, et à écrire de grands huit sur le bois. Ces efforts n'empêchaient pas la poussière de voler, il fallait ensuite essuyer les verres avec ces grands torchons de fil blancs, si doux sous la main. Je traîne un bagage qui me semble venir de loin, impossible à déposer. Il n'y a pas de consigne pour ces bagages-là.

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