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11/01/2012

Petit pois

Le grain de sable gros comme un rocher. Le fétu de paille gros comme un chêne bi-centenaire. Le petit pois sous les 7 matelas... Il y a tous les jours quelque chose qui gêne. Ce n'est pas de notre faute, mais c'est ainsi. La route lisse et droite n'existe pas, autant le savoir. Accepter le sable, la meule de paille et la grosse boîte de petits pois. Bonne journée !

09/01/2012

Le matin... (suite)

5 heure du matin, la meilleure heure pour écrire. Le silence autour de soi, la nuit au dehors, les tensions du corps apaisées. Le jour nouveau n'est encore que promesses. Les souvenirs remontent, légers, ténus. Des mots dans la tête qui s'enfuient facilement, mouvements presque imperceptibles. Les laisser remonter complètement à la surface. Retrouver des sensations anciennes. Des souvenirs d'odeurs, de gestes, tendres ou brutaux. Il y a de tout dans ce pêle-mêle de la tête, bonheurs effacés et amertumes tout ensemble, tout ça presque impalpables. Il faut beaucoup d'attention pour remettre en place ce bazar désordonné. Le bonheur est d'y parvenir, au moins un peu. Ce matin m'est revenu le souvenir d'une grande table de cuisine, haute, en bois, et le rouleau à pâtisserie sur la pâte fine, et le grand couteau pour découper cette pâte en longues et fines lanières farinées, que l'on posait ensuite sur un torchon propre, lui aussi un peu fariné, pour que les pâtes ne collent pas. On devait faire des pâtes fraîches dans l'immédiate après-guerre, parce que l'on avait pu se procurer de la farine, mais pas des pâtes du commerce, à cause des restrictions alimentaires. Plus tard, je crois que l'on n'a plus jamais fait de pâtes fraîches. C'est comme une image : les mains de mon frère soulevant le paquet de lanières farinées, dans un geste un peu magique.

06/01/2012

Aujourd'hui

Tant de regrets accumulés dans le passé qu'ils risquent d'empoisonner le temps présent. Tout ce que l'on n'a pas pu faire, et que l'on ne fera jamais. Il est inutile de revenir sur ce non-accompli, par manque de chance, d'opportunité ou d'énergie. Mieux vaut se consacrer à aujourd'hui. Aux menues activités autour desquelles s'organisent les journées. Certes, des activités sans grandeur. Mais nourricières, au sens propre du terme. Réussir, enfin, une génoise (l'odeur merveilleuse du gâteau en train de cuire). Commencer un gros livre en attente depuis plusieurs semaines (Chappaz, Journal intime d'un pays). Consacrer quelques heures à la confection d'une brassière de bébé. Observer l'eau de la rivière qui monte à nouveau. Ainsi va la journée, paisible, féconde, un peu utile. Et fi des regrets ! Il me reste ceci : je réjouis le palais de mes proches avec mon gâteau. J'habille, un peu, le bébé à venir. Je me plonge dans une merveilleuse lecture dépaysante... Je ne transforme pas le monde. Ce que je fais reste modeste. Je n'ai pas de grandes ambitions. Mais ce que je fais est le reflet de mon caractère. Rester à l'écart, ne pas monopoliser l'attention, et pourtant être dans le "faire", qui me permet d'"être". Je me dis, dans cette aube grise et sale de janvier sans hiver, que l'essentiel est là : dans la conscience d'être moi. Créature non indispensable, mais vivante. Attentive à tout : aux odeurs, aux paroles, aux regards, aux bruits du monde, à la musique des êtres et des choses. À l'infini de la vie.

03/01/2012

Tôt le matin

La vieille tortue médite, ou croit qu'elle médite. Enfin, elle gamberge, rumine… Conjectures. Interprétations. Suspicions. Un rire narquois. Un mot de travers. Des silences mal venus. Des propos déformés. Des absences. Des conversations avortées. Des chapelets de banalités, pour ne pas dire l'essentiel. Ce qui tient à cœur. Plus tard, peut-être. Demain est déjà là. Trop tard. Non, non, jamais trop tard. Mais à quoi bon ? Trop parler ne mène à rien. Ne pas parler non plus. Et il n'y a pas d"entre deux. Faut voir. Réfléchir. Analyser. Ce qu'on ne sait pas, ou ce qu'on ne comprend pas, n'a peut-être pas besoin d'être su, ou compris. Zone d'ombre autour de chacun d'entre nous. Zone protectrice, à coup sûr. Une belle idée, celle de rester sur son "quant à soi". Expression curieuse, peu usitée. Une espèce de petite fierté personnelle, pour vivre debout, sans trop attendre d'aide extérieure. Et sans illusions, comme toujours.