13/11/2011
Ratages
J'ai raté : la musique de mon temps. L'apprentissage des langues étrangères. Le culte du corps et de la beauté. Le latin, la mythologie et même la religion. Et aussi les relations sociales, savoir se pousser du coude pour prendre plus de place, même si c'est celle d'un autre. Je suis passée à côté de la culture, et même de la littérature Je n'ai fait qu'effleurer le grand continent des lettres. Je cabote le long de ses côtes, je grappille quelques miettes, je me nourris, de loin, du spectacle quelles offrent, les lettres. Je cache du mieux que je peux mes incompétences et ignorances multiples. Et je ne cherche même plus à étaler mes rares compétences. Ce n'est plus l'heure ? Peut-être. Je devine que le terreau dont je me nourris peut se dessécher si je n'y prends garde. Voilà, pour ne pas sombrer dans la déréliction, il faut s'occuper de soi, au propre comme au figuré. Trouver son axe personnel de développement encore possible. Mes ratages successifs ne peuvent se réparer. C'est ainsi. Je ne pourrai pas en éviter d'autres, car l'habitude de la réussite n'est pas inscrite dans mes gènes. Mais... si maigrelet que soit mon capital (de savoir, d'estime de soi, de compétences), j'avance, je vis, j'espère, je doute. Je me dis que je dois perdre l'habitude de mesurer ce que je suis à une aune qui n'est pas la mienne. J'ai raté beaucoup de choses essentielles, c'est certain, qu'au moins je ne me rate pas moi-même. Bon programme pour ce qu'il me reste à vivre. Un peu flou, peut-être... Disons qu'il s'agit plutôt d'une atmosphère, ou d'une lumière, douce et enveloppante, dans laquelle je me baigne, avec bonheur.
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09/11/2011
Mon voisin
Je connais quelqu'un qui a passé toute sa vie à l'ombre du même clocher. Il a habité deux maisons dans sa vie. Sa maison natale, côté est du clocher et celle où il a vécu 50 ans avec son épouse, côté nord du clocher. Maintenant âgé, malade, il va partir en maison de retraite. Il va perdre définitivement cette masse sonore qui a bercé toutes ses nuits et rythmé ses journées. Je sais de quoi je parle : je suis née côté ouest de ce clocher, qui sonne et redouble toutes les heures, puis un coup pour la demi. Rien pour les quarts, heureusement. Je dis "heureusement" uniquement pour faire plaisir à ceux qui ne pourront jamais s'habituer à ces ondes sonores qui vrillent les oreilles. Je ne le dis pas pour moi, ni pour le vieux monsieur de la maison voisine. Déjà, dès avant notre naissance, dès le ventre de nos mères, nous avons entendu ces coups répétés sur la cloche. Je ne reviens jamais dans ma maison sans être émue par ces sons tellement quotidiens. Mon vieux voisin, dans sa maison de retraite, ne les entendra plus. Mais dans sa déréliction extrême, y pense-t-il seulement ?
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07/11/2011
Question
J'aimerais être capable de déménager léger. De changer souvent de lieu de résidence. D'abandonner sans regrets mon chargement. D'inventer à chaque fois un cadre nouveau à ma vie. J'aimerais vivre dans un espace dépouillé, propice à la méditation. J'aimerais que les murs soient vierges de toute image. J'aimerais qu'ils soient peints de teintes douces, reposantes. J'aimerais que ma maison soit en bois, le jardin petit, la vue dégagée sur des lointains changeants, et pas de voisins. J'aimerais que la porte d'entrée soit toujours ouverte, sans verrou. J'aimerais ne rien avoir que l'on ait envie de me voler. J'aimerais que mes seuls biens soient un carnet à dessin, un crayon, quelques livres (tout de même !) et un instrument de musique si je savais en jouer. Mais... je vis toujours au même endroit, je ne voyage pas, je possède des centaines de livres, des milliers de souvenirs, des millions d'espoirs avortés, et tout ça pèse un poids... considérable, tellement considérable qu'il me cloue au sol. Et je ne me berce pas d'illusions (on dit toujours se bercer d'illusions, pourquoi ?) mensongères, je ne changerai pas. Pourquoi l'écart est-il toujours aussi grand entre ce que l'on voudrait être et ce que l'on est réellement ?
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05/11/2011
Le matin...
L'air froid du matin pique le nez, et s'engouffre dans la maison quand j'ouvre les volets.
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