27/11/2013
Écrire
Les mots ne viennent pas, ou viennent mal, englués dans le fatras des pensées molles. Un jour, demain peut-être, je ne sais pas, la pointe du stylo sur le papier à petits carreaux n'aura plus aucune raison d'être, parce que les mots surgiront (ou pas...) d'une autre manière. Il faut s'y faire : l'écriture cursive va disparaître, parce que plus d'aucune utilité. Incroyable. Je doute fort que ces merveilleuses petites machines qui font tout à votre place, jusqu'à vous proposer le mot soit-disant juste, puissent me procurer la même jouissance que celle que me procurait mon stylo à plume carénée (on ne dit plus plume capotée, comme autrefois) lorsque j'écrivais frénétiquement le soir dans la salle d'étude de l'internat, dans un très gros cahier recouvert de papier jaune. Je ne sais pas si j'aimais écrire pour les mots, et ce qu'ils exprimaient, ou pour le tracé sinueux qui surgissait sur le papier, tracé que je trouvais très élégant, même si mon idée de l'élégance était approximative. J'aurais pu recopier le dictionnaire dans le même état de bonheur. Il y avait, pendant quelques heures, un accord parfait entre ma main, ma tête, et le papier, que j'aimais surtout quand il était un peu jauni. J'oubliais le bruissement de l'étude, la présence lointaine de la surveillante (qui n'avait à peu près rien à surveiller, nous étions des élèves peu turbulentes), entièrement absorbée dans cette relation très particulière, forte, de la main, du stylo, du papier et des mots. Écrire, même des âneries, était une activité quasiment sublime. Cela n'a pas changé : je commence chaque journée, ou je la termine, les doigts serrés sur le stylo, l'index légèrement taché d'encre (toujours noire, l'encre), la tête en alerte, et tant pis pour les âneries inévitables. Je n'en rougis même pas.
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24/11/2013
Entendues, volées, petites phrases
Il faut creuser profond pour trouver les pépites
Casser le pressing et fatiguer l'adversaire
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20/11/2013
Les obstacles sur la route
Comment peut-on couler à pic dans la mer de la déréliction alors que, vu de l'extérieur, il ne s'est rien passé. Rien passé du tout. Le petit pois qui gêne le sommeil de la princesse sous ses sept matelas existe, au moins dans notre imaginaire. Mais là ! La cime des arbres n'a pas tremblé, le soleil s'est montré quelques petites heures, non, rien qui explique le phénomène. Faut chercher ailleurs. Du côté des voix impatientes, des mots qui se font cruels sans même que celui qui les prononce s'en rende compte. Mais même ces mots se dérobent. On ne sait plus pourquoi d'un coup tout semble difficile, pourquoi la moindre tâche devient une corvée, pourquoi le contenu de l'assiette devient écoeurant... Quelques mots, mais lesquels ?, et on s'effondre. Le pire, dans ces micro séismes qui ne touchent que soi, est qu'ils sont presque indétectables. Abattement, tristesse, fuite de l'énergie, c'est du ressenti, plus ou moins furtif. Le conflit n'est qu'intérieur, et a sans doute peu de raison d'être. Mais ça mine la vie, au moins pendant un moment. Parce que ça ne dure pas. On peut s'échapper, s'apaiser en marchant dans les rues, en regardant les enfants à la sortie de l'école, en lisant, en écrivant. Apprendre à prendre le temps de s'apaiser, et se faire confiance. Beau programme, plus simple qu'il n'y parait, parce que très gratifiant. Évidemment, cela n'explique ni ne guérit notre faiblesse. Mais reprenant confiance, il se pourrait qu'à la prochaine alerte, on se sente plus fort. Tout est possible.
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18/11/2013
Habiter
Il parait que pour être bien dans un lieu, il faut y avoir des souvenirs. Au bout de combien de temps parvient-on à investir suffisamment un lieu pour que les souvenirs s'inscrivent dans le paysage ? Faut-il y vivre des événements particuliers, ou exceptionnels, ou bien la succession des saisons, le cours lent du quotidien suffisent-ils à former cette couche moelleuse où l'on se rassure et se repose ?
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