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20/01/2013

Neige

Moments de bonheur intense lorsque, immobile derrière la porte-fenêtre du salon, je fixais les flocons jusqu'à en être à demi-inconsciente. C'était une hypnose, que seule l'enfance peut éprouver, lorsque l'arrivée de la neige est encore vécue comme un événement joyeux. La transformation du paysage était magique. Impression forte, que la neige d'aujourd'hui réveille dans ma mémoire, mais ne remplace pas. La vraie joie de la neige, c'est celle d'autrefois, lorsque, enfant, je laissais fondre dans la bouche les flocons épais attrapés du bout de la langue. Sensation froide, saveur inexistante. La mémoire conserve tout, le crissement des pas dans cette blancheur épaisse, les doigts violacés, les boules de neige, les vêtements mouillés, et cette légère et agréable sueur produite par l'animation des jeux, malgré le froid.

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04/01/2013

Le réel

Tout semblait immuable. Rien ne pouvait changer. Les parents étaient les parents. Les frères, les sœurs, ce qu'ils étaient, des aînés à l'autorité encore plus grande que celle des parents. Les cousins. Et même les chiens. Il y avait toujours un chien dans la maison. Il n'y a plus rien. Les morts, ou l'éloignement. L'oubli de ce que nous avons eu en commun, remplacé par d'autres choses communes avec d'autres gens. Cet immense passé pourtant n'a pas disparu corps et biens. Certes, il manque quelques pièces au puzzle de cette histoire, impossibles à retrouver : la distribution en fut, en leur temps, aléatoire. Il en reste cependant suffisamment pour n'avoir aucun regrets, seulement des souvenirs un peu émus, voilés de brumes, à peine formulés. Pourtant, comment expliquer que ce passé enfoui, révolu, est réel, tellement réel ?

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08/12/2012

Privilège

J'ai eu, il y a longtemps, il me semble que cela fait au moins un siècle !, le privilège de tenir dans mes mains des dessins de Poussin, de Watteau ou de Redon. C'était au temps où je faisais des études, qui m'on été fort peu utiles... Mais l'émotion ressentie alors, à manipuler des dessins, est toujours présente en moi. Et pourquoi donc ce matin au réveil, je pense brusquement à ces lavis, à ces sanguines ? Et à ce que j'ai ressenti à ce moment. La conservatrice du cabinet des dessins n'était pas chipoteuse, ni anxieuse, ou en tout cas ne faisait pas ressentir son anxiété, de voir des mains maladroites manipuler les chefs-d'œuvre dont elle avait la garde. Seule consigne : on ne pouvait prendre des notes qu'avec un crayon à papier. Les stylos étaient bannis. Maigre marque de prudence, mais assez efficace, car ce léger interdit nous signifiait qu'en effet, ce que nous avions dans les mains était bien plus que des lavis ou des sanguines. Ces pièces étaient l'histoire de l'art, pas moins. Je n'ai jamais relu mes notes, sans doute insignifiantes, mais est-ce par fidélité à ces moments si intenses ?, je ne les ai jamais jetées.

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29/11/2012

Souvenir

Je ne sais plus quel était son prénom. Giuliana ? Gisela ? Elle est oubliée. Elle arrivait chaque année au printemps, maigre à faire peur. Travaillait tout l'été, courageuse et... vorace. Repartait à la Toussaint, boulotte à souhait. Et de nouveau au printemps, de nouveau maigre, et de nouveau toute ronde à l'automne. Un jour, elle n'est plus revenue. Mariée, sans doute. J'ai oublié son prénom, mais pas son regard de chouette effrayée. Elle était totalement dévouée à ma mère, sans doute reconnaissante de la nourriture qu'on ne lui mesurait pas. J'imagine que définitivement de retour dans ses pouilles italiennes, elle n'a jamais retrouvé ses joues rondes. Cela se passait il y a plus d'un demi-siècle. Qu'on ne me parle pas du bon vieux temps. Pas de douceur de vivre, alors comme aujourd'hui. Et le corps qui encaisse, tant bien que mal. Sans se plaindre, et d'ailleurs se plaindre à qui ? 

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