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07/09/2011

Quotidiens

Des générations qui m'ont précédée, je possède quelques traces écrites. Ma mère notait chaque jour le nombre de repas servis au restaurant (le registre couvre 45 ans d'activité). Il y a des lacunes dans cette continuité : naissance des enfants, maladies, décès. Elle avait aussi un carnet secret, que je n'ai connu qu'après sa mort, le carnet des dettes. Mon grand père paternel, voiturier, notait sur un petit carnet les courses à faire. Mais à la fin de sa courte vie, il notait aussi sa perte de poids, événement plus tragique que le reste, et les dates de ses visites au médecin. Mon père inscrivait chaque jour, d'une très fine et élégante écriture, le nombre de kilomètres parcourus, la consommation de carburant et d'huile, les dates de vidange et de changements de pneumatiques. Pendant la grande guerre, il a noté, toujours très brièvement, dans un minuscule carnet, les lieux de cantonnement, les permissions, le nombre d'obus tirés au plus fort d'une attaque, et aussi qu'il avait fait des "fotos". Plus tard, il calculait le soir le cubage des grumes transportées dans la journée, à l'aide d'un petit manuel de cubage à couverture cartonnée, dans des carnets de format oblong. Combien de billes par voyage ? Mon arrière grand-père, qui se disait "quabaretier' tenait un registre pour les consommations non payées par les habitués. Ma grand-mère aussi avait un registre pour les vieux clients, qui payaient au mois, ou ne payaient pas… Et je revois ma sœur aînée établissant chaque soir "la note", qui réglait la fabrication de la pâtisserie du lendemain. Tant de chaussons, tant de croissants, tant de tartes aux pommes etc… Je lis ces carnets, ces registres, ces cahiers, je devine plus que je ne comprends ces quotidiens déjà tellement éloignés de moi. Des vies jalonnées de petites écritures ordinaires, que l'on ne songe guère à conserver la plupart du temps, mais qui me racontent, à moi dépositaire de hasard, des existences de labeur et de sous péniblement gagnés.

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06/09/2011

Memento quia pulvis es

 

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la Croix de Rochefort 002 (300dpi) copie.jpg 

Écriteau de zinc martelé, cloué sur une croix de bois dans la forêt. On l'atteint après une marche fatigante, une montée interminable. Le chemin d'accès est large, en bon état, car il est utilisé par les forestiers. Il y a peu de promeneurs, mais autrefois, les croyants courageux l'empruntaient pour aller assister à une messe votive le 15 août de chaque année, sur un crêt dans la montagne. Le curé a vieilli, puis il n'a pas été remplacé, la cérémonie a disparu. Je crois n'être monté qu'une seule fois à cette petite fête, sans doute emmenée par des clients qui avaient su persuader ma mère de me donner un peu de liberté. Mais je ne suis sûre de rien, confondant en un seul événement plusieurs souvenirs du même genre ? La croix de bois, abimée par les intempéries, se dégrade. Elle est peut-être tombée depuis notre dernier passage, il y a quelques années. Mais c'est dans l'ordre des choses : "souviens-toi, homme, que tu es poussière".


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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05/09/2011

Fin d'été au jardin

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04/09/2011

Dents de lait

Perdre ses dents de lait, un événement important dans la vie des enfants, aujourd'hui comme hier. Mais hier, le petit cadeau apporté par la souris était, dans ma famille, un petit sachet de papier contenant quelque chose qui ressemblait à un caillou translucide. Ce n'était d'ailleurs pas la souris qui l'amenait sous l'oreiller, mais un animal étrange nommé "croquignole", sans aucun rapport avec le biscuit du même nom. Le petit caillou rose était du sucre candi. Je ne sais pas si on trouve toujours du sucre candi aujourd'hui, et surtout je ne sais pas si son goût me plairait encore. Mais pour nous, ce don croquignolesque et sans surprise était un ravissement. Après la mort de ma mère, j'ai retrouvé une boîte de "Kalmine", médicament dont elle abusait, pleine de petits bouts de sucre candi. Elle avait des provisions qui dépassaient le nombre de nos dents de lait. 

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