15/08/2011
Livres de chevet
Deux livres de chevet, également aimés, quoique différemment.
Notes de chevet, de Sei Shönagon, Gallimard/Unesco, coll. Connaissance de l'Orient
Les Carnets secrets de Li Yu, présentés par Jacques Dars, ed. Philippe Picquier.
Lorsque la vie semble perdre de son intérêt, lorsque le moral flanche, reprendre l'un ou l'autre de ces livres permet de reprendre pied. Leur vertu est de traiter de l'essentiel de la vie, et d'en dessiner un contour positif, sensible. Des siècles nous séparent de ces auteurs, leurs civilisations respectives sont très éloignées de nous, certaines choses sont incompréhensibles pour moi qui n'ai de ces époques lointaines qu'une connaissance très superficielle. Le charme opère pourtant. Leur lecture me réconfort, m'aide à considérer autrement le monde qui m'entoure.
Grâce à Li Yu, en particulier, je suis attentive à des détails qui permettent, selon les mots de Jacques Dars, "de transmuer les moments courants machinaux ou nuls de l'existence quotidienne en intermèdes agréables ou délicieux, parfois inoubliables". Ce "court traité du bonheur considéré comme un des beaux arts" ne me quitte pas. Je peux rester des mois sans l'ouvrir, il me suffit de le savoir là, à ma portée, accessible, une vraie leçon de vie qui jamais ne se dérobe, qui jamais ne me fait défaut.
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Ma bibliothèque (pour y voir plus clair)
Pourquoi conserve-t-on des livres que l'on ne rouvrira jamais (et on sait très bien qu'on ne les rouvrira jamais) ? Nos bibliothèques sont encombrantes, lourdes. Elles obèrent les déménagements. Pourtant, malgré la gêne, on se sépare rarement de ses livres. Même après un déménagement fastidieux, il en reste encore beaucoup (trop !) pour le nouveau logement.
Conserve-t-on seulement en souvenir d'émotions anciennes de lecture ? Plus ou moins oubliées d'ailleurs...
Une bibliothèque personnelle n'a de sens que pour son possesseur. C'est un labyrinthe privé, dont les accès ne sont perceptibles que pour celui qui les pratique au quotidien.
Les modes de classement possibles ont été longuement explorés, décrits, analysés, par des experts en la matière (Pérec, Manguel...)
Mais comment les livres sont-ils arrivés là, par quels processus de cooptation, de choix, de conseils, de besoins, réels ou supposés ? Impression que rien n'arrive jamais par hasard. Il a fallu entrer dans une librairie, décripter le mode de classement (le mot livre a pour corollaire le mot classement), errer au milieu des tables de présentation. On peut avoir avec soi un petit carnet pense-bête pour les mémoires défaillantes. Sensation d'une petite décharge électrique quand la main se pose sur ce livre que justement on cherchait ou sur celui qu'on ne cherchait pas, mais qui tombe fort à propos.
Nos bibliothèques nous ressemblent. Elles témoignent de nos goûts, de nos histoires personnelles, de nos études, de nos origines. J'ai par exemple sur mes étagères des livres sur l'histoire de mon pays natal. Mes anciens livres d'études. Et des histoires de la littérature très ennuyeuses. Montrez moi vos livres, je vous dirai qui vous êtes...
Alors que je suis le désordre incarné, mes livres sont rangés, arbitrairement bien sûr, de telle façon que je retrouve toujours celui dont j'ai besoin. Besoins fréquents : je crois que je n'ai jamais passé un seul jour de ma vie sans ouvrir un livre (enfin : depuis que j'ai appris à lire). Et depuis mes premières explorations dans les caisses de livres d'une vieille tante décédée, dans un grenier glacial, je n'ai jamais cessé de chercher des livres.
(à suivre, peut-être...)
14:57 Publié dans Chronique sans faits divers | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
13/08/2011
Ambitions
Vers l'âge de 11 ans, j'ai eu deux grandes ambitions : 1) savoir tricoter comme ma soeur aînée, selon la méthode "suisse" (le fil sur l'index de la main gauche) et 2) savoir siffler avec mes doigts. Je ne suis pas devenue tricoteuse experte de la méthode suisse (ni d'aucune d'ailleurs), mais je me souviens parfaitement du jour où j'ai enfin pu siffler dans mes doigts. Au milieu d'un pont au dessus d'un torrent, le coup de sifflet est parti, puissant. Magnifique. J'ai connu à cet instant un rare sentiment de triomphe. ça ne sert pas à grand chose de savoir siffler dans ses doigts, sauf quand on est une petite fille de onze ans, sans qualités exceptionnelles. Hélas, j'ai perdu ce petit et parfait savoir. Mais je sais encore tricoter maladroitement selon la méthode suisse, et je pense immanquablement à ma soeur, morte depuis longtemps, lorsque j'emmêle les fils de laine...
18:38 Publié dans Avant | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
Entendu
Entendu sur un marché : "vous vous rendez compte ! 101 ans... Et pas d'héritiers directs. Et pas de testament. On le cherche, on le cherche... L'état va tout prendre, il y a trop d'héritiers éloignés. Il aurait dû donner de son vivant !". On cherche le testament, mais pas besoin de chercher le chagrin, il n'y en a pas. La mort d'un centenaire n'est plus une surprise.
18:29 Publié dans Chronique sans faits divers | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer