20/08/2011
Bilibine
Une illustration de Bilibine, publiée au début du 20°s. en Russie, sans doute très courante à l'époque. Un oncle de mon père a vécu à St Pétersbourg pendant plusieurs années, et à son retour a laissé "en garde" quelques caisses de son déménagement chez nous (c'est dans ces caisses que j'ai cherché des livres, pendant longtemps), que personne n'a réclamé après sa mort. Et au milieu de vieilleries poussiéreuses, outre les livres, il y avait 8 cartes postales de Bilibine. Je les conserve comme un trésor, certes de peu de valeur, parce qu'elles témoignent de l'histoire lointaine d'une partie de ma famille, histoire mythifiée puisque l'oncle en question était appelé "le parrain de Russie", bienfaiteur et conseiller de mon père, entre autres. Je ne sais pas pourquoi l'oncle a conservé ces cartes postales. Avaient-elles une signification particulière, ou bien est-ce le hasard seul qui l'a poussé à ranger dans une caisse, avec d'autres papiers, ces images si évocatrices de la littérature populaire russe.
J'aime l'idée qu'un simple bout de carton imprimé, fragile, me restitue un bout d'histoire que plus personne ne connaît, à part moi.
08:52 Publié dans Je range mon grenier | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer
19/08/2011
Ma bibliothèque (suite)
Je disais dernièrement n'avoir jamais cessé de chercher des livres... Mais plus j'avance dans la vie, plus je trouve que le commerce des livres est à la fois excitant et décevant.
Diderot disait que les bibliothèques sont les réceptacles des productions du génie et des immondices des lettres (citation de mémoire, donc approximative, mais les termes sont exacts, sinon l'ordre). On peut en dire autant des librairies et des bouquinistes. Après quelques heures passées dans un de ces villages de l'écrit qui se sont créés dans les deux dernières décennies, alors qu'on nous répète que la lecture régresse dans notre pays, je me sens flouée. Des bouquinistes où les productions du génie peinent à émerger des immondices des lettres. Quelques heures suffisent pour comprendre ce qu'a été l'édition dans la seconde moitié du 20° siècle. Les gloires passées sont là, avec d'autres plus obscures, mais elles sont tellement passées qu'on n'a même plus envie de les ouvrir. Les multiples éditions en club de toutes sortes inondent ces étals, mais que c'est fastidieux de fouiller ces empilement... Quelques flashes pourtant : je me souviens avoir lu ceci ou cela, il y a très longtemps, mais je ne ressens plus aucun intérêt pour ces littératures marquées par l'air du temps et tombées naturellement en désuétude. Seuls les livres de lecture courante, les abécédaires, ou les collections pour enfants des années 50 réveillent mon attention. La magie de l'apprentissage de la lecture et des lectures enfantines reste intacte. Les décennies de production insipide n'ont pas réussi à éteindre ce feu initial.
Je suis rentrée bredouille de mes errements chez les bouquinistes, ce dont mes rayonnages pourraient me remercier... Me reste les librairies de ma ville, voire les bibliothèques publiques, mais j'ouvre là un nouveau chapitre, où ce que j'aurais à dire pourrait lasser mon lecteur occasionnel. Une autre fois, peut-être ?
08:39 Publié dans Chronique sans faits divers | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer
Les verres à absinthe
Les grands verres à absinthe font partie de l'histoire familiale oubliée : mes grands parents ont tenu un café, à la fin du 19° siècle, dans un petit village, et il ne reste de cette époque que quelques verres, abandonnés au grenier, une vieille table en bois, et le registre où ma grand-mère notait les dettes des habitués. Je suppose que ceux-ci payaient lorsqu'ils avaient des rentrées d'argent. L'habitude était de faire confiance aux consommateurs. Pourtant, est-ce à cause des impayés ou de l'incurie de mon grand-père, le café a été déclaré en faillite, et c'est le père de ma grand-mère qui a renfloué l'affaire. Il l'a fait par amour pour sa fille, et on disait alors que sa dot avait été payée deux fois. Dans ce minuscule village, il y avait 5 cafés, tout le monde se connaissait, et on ne parlait entre soi à peu près que patois (mais on écrivait en français).
J'ai retrouvé les verres ayant survécu aux tourmentes de la maison, et les ai remis en service (mais plus d'absinthe !). Ils ont l'inconvénient d'avoir une contenance trop importante, et donc de pousser à la consommation. Je les utilise de ce fait assez peu, mais je pense à chaque fois à ma grand-mère Rosalie, morte de la grippe espagnole en 1918 sans avoir revu son fils revenu de la guerre. Et lui est arrivé à la maison, sans savoir que sa mère venait de mourir, juste à temps cependant pour l'enterrement.
08:19 Publié dans Je range mon grenier | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
16/08/2011
Prières
Autrefois, ma très vieille grand-tante organisait les prières à l'église à deux périodes de l'année. Pendant le carême, tous les vendredis soir, nous suivions avec elle les 14 stations du chemin de croix. Puis, en mai, récitation du rosaire imposée aux enfants du catéchisme et quelques personnes pieuses, uniquement des femmes. Ma mémoire d'enfant est restée marquée par l'atmosphère un peu spéciale de ces temps de prières, dans l'église glaciale et peu éclairée. La voix monocorde de ma tante, les réponses des participants aux litanies interminables, le grincement des chaises sur le sol en béton... J'ai le souvenir de moments de contraintes (et l'immobilité, le froid...), et d'une histoire tragique incompréhensible lorsque la récitante annonçait d'une voix sépulcrale : 10° station, Jésus tombe pour la 3° fois... Au sortir de l'église, même s'il faisait mauvais temps, même s'il pleuvait ou neigeait, on avait l'impression de revivre, comme si l'on retrouvait la chaleur de la vie.
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