22/08/2011
Fleurs (4)
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Ecrivain du dimanche...
Écrire, pour s'aider à vivre. Pour transmettre. Pour éclairer le chemin. Les mots qui viennent comme ils peuvent. Bienvenus, malvenus, je pourrais dire "ça dépend" mais je ne sais pas de quoi ça dépend. Origines inconnues, souvent surprenants. J'écris sans savoir ce que je vais écrire. Sur un bout de papier (vertu des enveloppes usagées !), sur mon carnet de notes, ou directement au clavier si l'ordinateur est ouvert. J'écris comme ça vient, les histoires de la veille, les frustrations du jour, les espoirs de demain. J'écris dans la maladresse qui m'est innée, car on ne m'a pas attribué les dons qui me seraient nécessaires. Je ne sais pas écrire, et pourtant j'écris. Un jour peut-être des fleurs nouvelles apparaîtront dans mon jardin encore stérile. J'écris pour dire que je suis là, inadaptée à ce monde qui pourtant est le mien, je n'ai pas d'autre horizon que celui qui se dessine devant moi. Dont je dois me contenter. J'écris pour dire que je ne suis pas satisfaite de ce monde, mais dans l'espérance que mes mots, si inadaptés, si pauvres soient-ils, y changeront quelque chose. Vaine espérance ? Qui sait ! Mes mots forment une strate d'apparence légère, mais au fond, d'une inexpugnable solidité. Mes mots me relient à la vie. Me lient à la vie. Personne ne peut trancher ce lien. Personne ne peut interrompre ce chant incertain. Personne ne l'entend non plus. Je n'en suis pas véritablement affectée, bien que cela ait sans doute des conséquences. Mes mots n'embarrassent ni n'enrichissent personne. Leur vie est mystérieuse, il me faut accepter ce mystère, et m'en remettre au hasard, à la providence, au destin, que sais-je de ces forces de moi inconnues ?, enfin accepter qu'il y ait mystère, et continuer ce chemin pavé d'erreurs et d'hésitations, de peurs aussi, entre feux de l'enfer et félicités du paradis. Des visages, des regards flottent devant moi. Ils sont les destinataires de mes mots. Qu'ils ne le sachent pas me convient. J'aime l'obscurité dans laquelle je suis. Et mon anonymat.
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21/08/2011
Archéologie (2)
Mon père et ses clients, en excursion dans les Alpes. Dès 1924, et jusqu'à la fin des années 50, mon père a emmené des touristes en excursion : Galibier, Lautaret, l'Iseran, Petites Roches, Grande Chartreuse... Si le temps s'y prêtait, il sortait tous les jours. Les routes étaient mauvaises, le véhicule nécessitait des réparations fréquentes, qu'il effectuait la nuit, seul pendant longtemps, puis avec l'aide de ses fils. Quelle que soit l'heure de son retour, il notait scrupuleusement tous les renseignements de la course : la destination, le nombre de passagers, les kilomètres parcourus, la consommation d'essence, d'huile, les pannes, la recette... Je pourrais refaire tout l'historique de ces étés exténuants, car tous les carnets ont été conservés. Par économie, il emmenait son casse-croûte dans un petite valise en carton, et dormait dans la voiture (plus tard un petit car) à chaque arrêt prolongé. Ces siestes lui permettaient de récupérer, presque sur commande.
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La cafetière
Les traces de la vie, légères, éphémères. On voudrait les saisir. Les immobiliser, pour mieux les goûter. Tout va très vite. Et quand le soir arrive, avoir à nouveau les mains vides faute d'avoir pu retenir ce qui a fait la trame du jour laisse un grand sentiment de frustration. Quoi ! De cette journée qui a été bien remplie, d'activités plus ou moins utiles certes, mais qu'on a vécues dans l'énergie, de cette journée il ne me reste à peu près rien. Les plats préparés avec soin, ou trop vite, c'est du pareil au même, ont été consommés. Le linge lavé, étendu, repassé, rangé va retrouver sous peu le chemin de la corbeille sous le lavabo. Le livre lu et rendu, ou rangé sur l'étagère pas encore pleine. Certes, on a écrit, et des destinataires plus ou moins lointains vont recevoir de nos nouvelles, les ont déjà reçues d'ailleurs. Certes ma mémoire, la vôtre aussi bien, s'est enrichie d'une minuscule strate nouvelle, mais celle-ci va être recouverte par la suivante, et l'oubli va s'installer. J'ai descendu l'escalier, traversé le jardin. J'ai arraché les mauvaises herbes dans les massifs de fleurs. J'ai cueilli la salade du soir. Mais demain, tout pareil ou presque. Alors, que voulez-vous que ma mémoire retienne ? Il y a si peu à retenir... C'est ainsi que la vie s'effiloche. Oui, mais hier, j'ai dessiné la vieille cafetière posée sur le guéridon, et les branches de laurier en attente de bouture. La cafetière était devant moi. Je lisais un journal. En relevant la tête, j'ai vu la cafetière sur le guéridon comme je ne l'avais pas vue auparavant. Mon petit dessin maladroit marque à jamais, dans mon esprit, le moment où je l'ai fait. Je sais comment était la lumière, et aussi quelle musique j'écoutais alors. La main agissante conforte la mémoire.
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