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14/04/2014

Souvenir

Je suis toute petite encore. J'ai des boutons sur tout le corps. Personne ne me dit le nom de cette maladie, mais le connaît-on ? Une de mes mères putatives me baigne matin et soir dans une petite baignoire en zinc, pour faire tomber les croûtes. Bizarrement, je ne me souviens pas de sensations douloureuses ou de démangeaisons. Il y a seulement l'eau chaude dans la baignoire en zinc, la maladie inconnue, et les mains amicales de la jeune fille au nom de fleur. Quelle douceur !

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27/03/2014

Archéologie (11)

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Plus d'un siècle me sépare de ces deux petites filles en beaux cols de dentelle. L'une est ma mère, l'autre ma tante, l'une et l'autre disparues depuis des décennies. C'est encore une photo surgie du néant : un très petit cliché, 3 cm sur 4, presque effacé par le temps. On n'y distingue qu'à peine ces deux enfants sages. Des mains adroites et le miracle de la technique les font ressurgir sous mes yeux. C'est une photo émouvante, dont je ne connais pas les circonstances. Qui, dans l'entourage de mes grands-parents, possédait un appareil photo, vers 1910 ? Elles posent tranquillement, pour faire plaisir à leurs parents. Pourrait-il en être autrement ? Dans mon imaginaire personnel, ces deux fillettes ne pouvaient pas être turbulentes ou même espiègles. Soumises à une mère qui menait la famille à la baguette, pour autant que je sache, et tendrement aimées par un père doux et distrait. Je regrette que ma mère n'ai pas évoqué davantage de souvenirs de cette époque déjà lointaine dans mon enfance. Mais alors, on ne parlait guère aux enfants, hélas. À partir de ce cliché minuscule, je reconstruis mon petit roman familial. Comme tout le monde.

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19/03/2014

Les habits du dimanche

Il y a avait les habits du dimanche, et les autres. Les habits du dimanche étaient-ils... plus beaux, plus propres, plus élégants, plus neufs ? Je ne sais même pas. Mais le fait est qu'on ne les mettait pas en semaine, et que, passée l'heure de la messe, on les protégeait d'une blouse ou d'un tablier (propre !) mais même sous cette protection ils restaient les habits du dimanche, un peu engonçants. Plus personne aujourd'hui ne sait ce que veut dire l'expression "être endimanché", sauf peut-être lorsqu'on doit s'habiller pour un mariage ou pour répondre à une invitation un peu guindée. Les habits du dimanche, avant de devenir un jour des habits de tous les jours (mais alors un peu trop étroits, un peu trop courts, hélas!) n'étaient pas forcément les plus aimés. C'était affaire d'apparence, des pieds à la tête : chaussures cirées, chaussettes en laine-qui-gratte tirées jusqu'aux genoux, jupe plissée, chemisier blanc et tout en haut un galurin sur la tête, ou un fichu noué sous le menton. On n'allait pas à l'église tête nue. Le manteau était celui de tous les jours, parce qu'on n'en possédait qu'un, mais bien brossé, propre. Il ne fallait surtout pas salir les habits du dimanche et donc on ne pouvait pas jouer comme les autres jours, malgré le tablier. Ne pas salir les habits du dimanche était une règle d'or, qui a fait détester les dimanches à des générations d'enfants obéissants. Quelquefois, par miracle, on pouvait reprendre les habits de tous les jours pour aller jouer dehors, mais c'était surtout pour débarrasser le plancher et permettre aux adultes de vaquer tranquillement à des occupations paisibles (du dimanche !). Mais le "range bien tes habits du dimanche avant de sortir" retardait un peu le plaisir de la sortie dans le jardin. Il faut commencer tôt l'apprentissage des corvées...

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02/03/2014

Archéologie (10)

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Cette photo peut être datée approximativement : vers 1910, avant le mariage de la personne du milieu, ma tante Marthe. À gauche, une tante par alliance, Louise, et à droite, mon arrière grand-mère, Célestine, dite la Magan. Les trois sont en promenade, chapeautées, petit sac à main (pour quoi faire, on se le demande !). Elles ont fait une dizaine de kilomètres, à pied je suppose, et posent pour le photographe, le mari de la tante Louise, mon grand-oncle, qui est à cette époque représentant de la société Lumière en Pologne, où il vend des appareils photo et tout le matériel photographique, plaques, produits. Louise et son mari sont peut-être revenus pour le mariage de Marthe, mais c'est une supposition de ma part. Ma grand-mère, la mère de Marthe, ne partage pas ce moment de loisir, occupée à tenir le café du commerce, valeureuse et souriante. Elle n'a pas droit aux plaisirs de la promenade.

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